En septembre dernier, plus de sept ans après la mort d’Adama Traoré, les magistrats prononçaient un non-lieu pour les gendarmes. Jeudi 15 février se tenait le procès en appel des trois gendarmes.

A cette occasion, le parquet général a reconnu pour la première fois « un lien de causalité » entre l’interpellation et la mort d’Adama Traoré en 2016. Avec cette caractérisation, la justice française reconnait partiellement le rôle des gendarmes dans la mort d’Adama. « Il s’agit d’une victoire immense pour la famille Traoré qui s’est battue pendant plus de sept ans pour que la vérité soit reconnue » a réagi Assa Traoré sur Instagram.

Jusqu’ici, les gendarmes avaient en effet été totalement blanchis par la justice française, alors qu’ils avaient reconnu leurs actes : s’être jetés sur Adama, lui avoir fait supporter le poids de leurs corps, et l’avoir plaqué au sol pendant plusieurs minutes avant sa mort.

Si cette reconnaissance est une première avancée dans la lutte pour la vérité et la justice dans l’affaire Adama Traoré, elle n’en signe pas la fin. En effet, le parquet considère que l’intervention violente des gendarmes a contribué de « manière secondaire » à la mort d’Adama, et demande une nouvelle fois un non-lieu au motif que « l’usage de la force était proportionné au regard du comportement qu’avait eu Monsieur Traoré dans le temps qui avait précédé son interpellation ».

Les magistrats avancent également l’état de santé et la canicule comme facteurs dans son décès, reprenant ainsi des éléments des expertises officielles selon lesquelles Adama serait mort car il avait couru 200 mètres en pleine chaleur. Cependant, d’autres experts, dont des médecins belges, avaient remis en cause cette version. C’est suite à ces contre-expertises, mais aussi suite aux mobilisations massives et continues du comité Adama, que le parquet général a enfin reconnu « le lien de causalité entre les manœuvres réalisées par les militaires de la gendarmerie et le décès de monsieur Traoré ».

En demandant la confirmation du non-lieu, le parquet légitime encore le meurtre commis par ces trois gendarmes, et plus largement le permis de tuer dont bénéficie les forces de répression, qui continuent d’exercer leur brutalité contre d’autres personnes racisées, comme Nahel, tué en juin dernier, ou encore Kyllian, un homme martiniquais tasé à mort par la police dès le début du mois de janvier 2024.

Alors que la décision de la chambre sera rendue le 16 mai, l’État continue de protéger sa police raciste et meurtrière, fait passer des lois répressives et racistes comme la loi immigration, et poursuit ses attaques anti-syndicales pour punir les secteurs combatifs. Face à un système qui utilise tous ses appareils afin de poursuivre la répression des quartiers populaires et des mouvements sociaux, il est urgent de faire front contre les violences policières partout et d’accompagner les comités de familles de victimes dans leur combat pour la justice et la vérité.