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Violences policières

Mort de Klodo après un contrôle de gendarmes. Le non-lieu remis en cause : une première victoire !

Le juge d’instruction a annoncé « de nouveaux actes d’instruction », remettant en cause la décision de « non-lieu » prononcée par le procureur en février. Une première victoire de la mobilisation des proches de Claude Jean-Pierre et de leurs soutiens pour la justice et la vérité.

Raji Samuthiram

20 avril 2023

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Mort de Klodo après un contrôle de gendarmes. Le non-lieu remis en cause : une première victoire !

Crédit photo : Jistis Pou Klodo

Le 18 avril, le juge d’instruction chargé de l’affaire Claude Jean-Pierre a annoncé son « intention de procéder à de nouveaux actes d’instruction », venant remettre en cause le non-lieu prononcé par le procureur en février. Cette annonce est une « première victoire » pour la famille et les proches de Claude Jean-Pierre ainsi que leurs soutiens qui se mobilisent pour la justice et la vérité depuis que cette affaire de violence policière, qui a couté la vie à cet homme de 67 ans, a réveillé la colère en Guadeloupe en novembre 2020. En effet cette annonce vient relancer la procédure judiciaire sur la mort de Claude Jean-Pierre.

Le 21 novembre, Claude Jean-Pierre décède à la suite d’un contrôle routier de gendarmerie à Deshaies, dans le nord-ouest de la Guadeloupe. Dans une interpellation enregistrée par des caméras de vidéosurveillance, les gendarmes le tirent brusquement par le bras pour le faire sortir de force de sa voiture. Il le sortent inconscient, puis le lâchent par terre, sa tête tapant violemment le sol. Claude Jean-Pierre gît sur l’asphalte en plein soleil, inconscient, pendant une vingtaine de minutes. Par la suite, un examen médical révèle une double fracture des cervicales, dont l’une comprimant la moelle épinière, ainsi que plusieurs hématomes au visage. Il décédera des suites de ce violent contrôle policier à l’hôpital le 3 décembre.

Malgré l’enregistrement de ces violences policières par vidéo-surveillance qui laisse peu de doute, le procureur Xavier Sicot nie toute responsabilité des gendarmes, et a requis en février un non-lieu, suscitant une immense colère en Guadeloupe. Plusieurs manifestations ont eu lieu, réunissant plus d’un millier de personnes sur l’île avec des manifestations devant le tribunal de Basse-Terre. Ce non-lieu était d’ailleurs intervenu deux mois après le non-lieu définitif prononcé dans le dossier du chlordécone dédouanant l’État français de toute responsabilité.

Suite à cette indignation massive, cette première victoire montre que le combat de la famille et des proches de la victime et de leur soutien paye, malgré le procureur qui espérait sûrement étouffer l’affaire et la mobilisation avec sa décision de non-lieu. Organisée par le comité Jistis Pou Klodo et par le kolektif kont vyolans a jandam regroupant 16 organisations politiques et syndicales guadeloupéennes, cette mobilisation a permis de bâtir un réel rapport de force. « Cela montre qu’on a raison, qu’on avait raison dès le début » a déclaré Christophe, le compagnon de la fille de Claude Jean-Pierre. « C’est grâce à la mobilisation politique, la mobilisation populaire, la mobilisation syndicale, la mobilisation artistique et la mobilisation médiatique, et aussi grâce aux observations de nos collectifs d’avocats, qu’aujourd’hui le combat peut continuer ». La fille de Claude Jean-Pierre a ensuite conclu la déclaration en appelant à poursuivre la mobilisation « continuons la mobilisation, justice pour Claude Jean-Pierre ! ». Des organisations guadeloupéennes, comme l’Union pour la Libération de la Guadeloupe se sont également félicitées de cette première victoire.

Le recul de la justice sur la décision de non-lieu montre que la seule voie possible face à l’impunité policière et pour la justice et la vérité est la construction du rapport de force. Alors que l’appareil répressif continue de s’acharner à visage découvert contre les manifestants et les grévistes dans le mouvement pour les retraites, le combat pour la justice et la vérité de la famille de Claude Jean-Pierre vient rappeler que cette même police s’acharne au quotidien dans les quartiers populaires et dans les dites « outre-mer », ciblant les personnes racisées.

Face au renforcement de la présence policière et aux opérations de répression policière, comme en témoignent le déploiement de 2800 policiers supplémentaires et l’imminente opération d’expulsion massive « Wuambushu » à Mayotte, il est urgent de faire front contre les violences policières partout où elles se passent et de soutenir la mobilisation des comités de familles de victimes pour la justice et la vérité dont celle de la famille de Claude Jean-Pierre.


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