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La police tue

Nanterre, Gennevilliers, Mantes-la-Jolie... : nuit de colère après le meurtre de Nahel par la police

Après le meurtre de Nahel mardi matin, la très large colère exprimée sur les réseaux sociaux s'est traduite par des révoltes dans différents quartiers, principalement en région parisienne. Une colère dirigée contre la police et ses violences racistes, qui tuent.

Gabriella Manouchki

28 juin 2023

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Nanterre, Gennevilliers, Mantes-la-Jolie... : nuit de colère après le meurtre de Nahel par la police

Crédits photo : Capture d’écran vidéos

La vidéo glaçante du meurtre du jeune Nahel à Nanterre mardi matin, vue des milliers de fois sur les réseaux sociaux, a suscité une profonde émotion dans de larges secteurs de la population. Dès la fin d’après-midi à Nanterre puis dans différents quartiers de France, la colère a donné lieu à une nuit d’émeutes dirigée contre la police.

Alors que Darmanin a dépêché 1200 policiers et gendarmes pour « maintenir l’ordre public » dans les quartiers, dont l’unité CRS8 spécialisée dans la répression des « violences urbaines » et récemment déployée à Mayotte, des vidéos d’arrestations circulaient déjà en fin d’après-midi à Nanterre. Dès le début de soirée, une personne blessée gravement à l’œil suite à un tir de LBD et neuf personnes interpellées étaient signalées.

Dans la soirée, d’impressionnantes vidéos de tirs de feux d’artifice sur les forces de répression dans différents quartiers ont fait le tour des réseaux sociaux, comme à Pablo Picasso à Nanterre, ou encore Gennvilliers.

On y voit la police en grande difficulté, parfois obligée de reculer. Dans une story sur Instagram, le journaliste Shahin Hazamy témoigne  : « Je n’ai jamais vu ça. Les policiers ne peuvent littéralement plus pénétrer dans le quartier, ils ont été éjectés par près de 300 jeunes, malgré l’important dispositif policier dépêché sur place ».

Dans différents quartiers, des feux de poubelles et de voitures ont été allumés en signe de contestation, comme à Colombes ou à Clichy-sous-Bois. Plus tard dans la nuit, la mairie du Val Fourré à Mantes-la-Jolie a été incendiée. Des évènements du même type auraient également éclaté dans d’autres régions, notamment à Nantes, Bordeaux, Marseille et Dijon.

Une colère légitime, dirigée contre la police et l’État, après un nouveau meurtre policier qui survient deux semaines seulement après celui de Alhoussein à Angoulême. Alors que la vidéo du meurtre montre, comme l’a souligné l’un des avocats de la famille de Nahel, un «  acte prémédité » des policiers, précédé par les mots «  je vais te tirer dans la tête  » et «  shoot-le », la répression et le traitement politique et médiatique qui ont suivi les faits n’ont pu que mettre les feu aux poudres.

La droite et l’extrême-droite se sont empressé de relayer sur les plateaux télé et sur les réseaux sociaux une version mensongère des faits, visant à criminaliser Nahel pour dédouaner la police, à l’image d’un Bruno Attal accusant «  un voyou  » d’avoir «  mis en danger la police  ». Une rhétorique stigmatisante typique des affaires de violences policières, qui repose sur des mécanismes racistes, comme l’ont souligné de nombreux internautes en montrant le « deux poids deux mesures » vis-à-vis d’autres affaires. Certains chroniqueurs et éditorialistes d’extrême-droite, à l’instar de Jean Messiha et Charlotte d’Ornellas, sont même allés jusqu’à inventer un «  casier judiciaire long comme l’encycolopédie universalis  » à un jeune de 17 ans victime d’un meurtre policier. De quoi alimenter la colère des jeunes des quartiers populaires, souvent racisés, ciblés par le harcèlement quotidien et des violences de la police.

Plus largement, l’écho des vidéos d’émeutes sur les réseaux sociaux témoigne d’un sentiment anti-police profondément ancré dans la jeunesse. Que ce soit dans les quartiers populaires, dans les manifestations contre la réforme des retraites, écologistes, antiracistes ou féministes, la jeunesse est la cible d’une répression systématique par l’État. Alors qu’au moins 31 personnes ont été arrêtées depuis hier soir dans les Hauts-de-Seine, les «  appels au calme  » de Macron, Darmanin et d’une partie de la gauche détonnent à côté de l’«  appel à la révolte  » de la mère de Nahel, posté ce mercredi matin sur les réseaux sociaux.

Face à un État et à sa police qui tuent et cherchent à terroriser les habitants des quartiers populaires, la jeunesse a toute la légitimité de se révolter. L’ensemble de la gauche politique et syndicale a le devoir de se tenir à ses côtés, dès ce jeudi à 14h devant la préfecture de Nanterre, pour exiger la vérité et la justice pour Nahel et pour tous les jeunes tués par la police, ainsi que la fin des violences policières.


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