« On fait une ratonnade ? », c’est par cette phrase que Libération a décidé de titrer son article sur Jordan N., policier de la 21CI, une compagnie habituée des missions de la BRAV-M. 

Une citation et un “fait d’arme” parmi d’autres pour ce policier. Amateur des imageries ultranationaliste et néo-nazie, Jordan.N s’est fait tatouer des fleurs de Lys et le symbole de Génaration identitaire sur le corps. Sur ces réseaux sociaux, il convoque régulièrement l’imaginaire des templiers. En privé, il se lâche beaucoup plus : il choisit le symbole de la division SS-Charlemagne comme photo de profil, multiplie les conversations cryptées dans lesquelles défilent les messages à la gloire du IIIe Reich et de la SS ou encore de Mein Kampf, ou encore se propose « d’écraser » des migrants et de « viser en pleine gueule » les gilets jaunes.

Des « centres d’intérêts » que le policier semble parfaitement savoir concilier avec son activité professionnelle. Dans une vidéo consultée par Libération et dans laquelle il se filme en 2018 en tenue d’intervention, il déclare : « On file à la Sorbonne, on va péter la gueule aux étudiants ». Plus tard, l’agent, profitera de sa position pour se faire l’intermédiaire entre un fournisseur de produits dopants illégaux et plusieurs de ses collègues.

Plusieurs de ces informations ont été révélées dans le cadre du dépôt de plainte de l’ex-compagne du policier, qui accuse l’agent de l’avoir violemment frappée en février 2023. En effet, et son ex-épouse a dû subir une interruption totale de travail durant 7 jours suite aux coups portés par Jordan N. Libération rapporte par ailleurs que le policier avait tenté d’intimider la victime pour l’empêcher de porter plainte, cette dernière explique : « Il n’a pas accepté que je lui dise qu’il allait payer, il m’a menacée, "je vais te faire vivre un enfer à toi et à ton fils si tu vas raconter". ».

L’accusé passera devant le tribunal correctionnel de Melun le 19 juin, mais la justice a d’ores et déjà signifié refuser d’enquêter sur l’activité numérique de l’accusé ainsi que sur d’autres accusations, cette fois-ci d’agressions sexuelles, portées par son ex-compagne. En interne, les instances policières ont longtemps cultivé l’impunité. En 2020, Didier Lallement lui octroyait une médaille de bronze pour « actes de courage et de dévouement ». En 2022, dans le cadre d’une demande de mutation, le chef de son unité disait de lui qu’il « a[vait] acquis une maturité professionnelle certaine » et louait « [son] volontarisme, [ses] capacités physiques, mais aussi [son] discernement ».