Les machinistes, chargés d’installer, de déplacer et de retirer les décors de spectacle, sont entrés en grève mercredi dernier. Une représentation à rideau fermé, sans décors, a donc eu lieu jeudi 30 novembre. Ils ont déposé un nouveau préavis de grève pour la semaine du 11 décembre, mais la direction a accordé leurs revendications aux travailleurs en grève dès ce jeudi 7 décembre.

Les machinistes, qui déplacent des centaines de kilos de décors par jour, exigeaient la reconnaissance de la compétence du port de charge lourde qui s’accompagne d’une augmentation de salaire. Une victoire plus symbolique que financière puisque la hausse de salaire correspondante reste malgré tout légère, surtout au vu de l’inflation actuelle. Cette victoire n’en reste pas moins précieuse, et témoigne d’abord du très faible niveau de salaire des travailleurs de l’Opéra qui les oblige à se battre pour de petites augmentations. En dehors de la prime de modulation relative aux horaires changeants des techniciens, les machinistes sont en effet payés au SMIC, constituant l’un des corps de métier les moins bien payés du monde du spectacle. Ils ont remporté cette première bataille contre la direction de l’Opéra avec le soutien affiché des autres travailleurs de la technique.

Une victoire symbolique aussi par la vitesse avec laquelle la direction a cédé, qui illustre l’importance de leur métier, pourtant invisibilisé et méprisé. Dans le communiqué annonçant que la représentation du jeudi 30 novembre aura lieu « en version de concert » « en raison d’un mouvement de grève suivi par une partie du personnel », la direction tente de dissimuler la centralité du métier de machiniste dans la tenue des spectacles. Ces travailleurs sont en effet les seuls habilités à lever le rideau et à déplacer les décors. Les représentations de Casse-Noisette du vendredi 8 et du dimanche 10 décembre vont aussi être annulées suite à la grève. En effet, sans machiniste, pas de décor ni de répétitions, donc pas de spectacle.

La reconnaissance par l’Opéra de la compétence du port de charge lourde est donc une première victoire pour les secteurs précaires du monde du spectacle. Mais elle reste largement insuffisante pour faire face à l’inflation galopante de ces derniers mois. Alors que les grèves pour des augmentations de salaires apparaissent dans de nombreux secteurs de notre classe, plusieurs secteurs de la culture expriment leur mécontentement, à l’image des travailleurs du Centre Pompidou, de la BPI et de la bibliothèque Kandinsky. Rejoints par d’autres du Louvre et de la BNF, ils ont envahi le hall du ministère de la culture jeudi 7 décembre. Face à la volonté du gouvernement de réduire toujours plus les budgets de la culture au détriment du service public, la nécessité d’étendre le mouvement et d’unir les secteurs est nécessaire.