Un Podemos en difficulté obligé de trouver des alliés…

Après son échec à constituer un gouvernement avec le Parti Socialiste (PSOE), et ce malgré de nombreuses concessions programmatiques importantes, le projet Podemos a désormais du plomb dans l’aile. Depuis l’annonce de nouvelles législatives, la formation portée par Pablo Iglesias n’a pas cessé de perdre du terrain dans les sondages. Les proximités de Podemos avec les institutions réactionnaires de l’église espagnole et de l’OTAN, les scandales de fraude fiscale qui ont touché des dirigeants de l’organisation récemment ou encore les reculs pour négocier un gouvernement avec le PSOE, ont fini par montrer aux yeux d’un grand nombre des travailleurs et des classes populaires que Podemos n’était pas une organisation si différente de celles qu’elles prétendaient combattre.

Au contraire, Izquierda Unida a le vent en poupe depuis quelques semaines et c’est cette situation qui a poussé Pablo Iglesias à lancer une alliance pour les prochaines élections avec ceux qu’ils qualifiaient encore l’année dernière de « schtroumpf grognon » de la gauche. Le programme commun des deux formations n’a pas encore été présenté mais il s’annonce d’ores et déjà minimal vu les divergences programmatiques qui peuvent exister entre les deux formations. Dans tous les cas, cette alliance arrivera au mieux en seconde position derrière la droite espagnole et il est déjà fort improbable, sauf retournement majeur, qu’elle puisse déboucher sur une alliance de gouvernement sans chercher d’autres alliés.

Pour continuer son projet d’alliance avec la « caste »

Pour Pablo Iglesias, cette main tendue envers Izquierda Unida n’a d’ailleurs qu’un seul objectif : pouvoir augmenter le rapport de forces pour convaincre le PSOE d’accepter de constituer un gouvernement commun. Il a lui-même assuré : « « Pour gouverner, nous aurons besoin du PSOE. Nous voulons un accord avec le PSOE ». Le leader de Podemos se tient donc toujours prêt à liquider son programme « radical » pour sauver une « caste » en déroute, qu’il prétendrait pourtant combattre et notamment un Parti Socialiste espagnol socio-libéral qui a mené des offensives très importantes contre les travailleurs et les classes populaires durant la dernière décennie.

Quand on voit la longue liste des concessions qu’avaient pu faire Podemos dans sa tentative de formation d’un gouvernement avec le PSOE, avec des accords aussi graves que la retraite à 67 ans ou la remise en cause de la sécurité sociale universelle, il est clair qu’il n’y a rien à attendre pour les jeunes, les travailleurs et les classes populaires de ce nouvel accord politique. Ceux-ci doivent se tenir prêts au contraire à se mobiliser contre le prochain gouvernement qui prendra le pouvoir à l’issue des législatives du 26 juin, que celui-ci soit issue des formations classiques du système politique espagnol, ou du projet « néo-réformiste ». C’est notamment ce qu’a pu nous démontré l’expérience récente de Syriza en Grèce, qui réprimait ces derniers jours la contestation dans la rue pour mieux appliquer le programme de casse sociale décidée par les classes dominantes européennes.