Le 30 avril dernier, Claude, 77 ans, se voyait confisquer puis détruire par la police sa banderole « Macron on t’emmerde », accrochée devant chez lui, dans l’Eure, depuis plusieurs mois. Quelques jours plus tard, il passait devant la justice pour « outrage » à personne dépositaire de l’autorité publique, délit pour lequel il risquait jusqu’à un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende. Ayant échappé à la garde à vue uniquement en raison de son âge, le retraité a finalement écopé finalement d’un stage de citoyenneté.

Ce jugement est le premier d’une longue liste à venir, alors que la justice a d’ores et déjà annoncé plusieurs procès. Le 20 juin, c’est une quinquagénaire qui sera jugée dans le Pas-de-Calais pour avoir qualifié Macron d’« ordure » sur les réseaux sociaux. En septembre, ce sont trois manifestant-e-s qui passeront devant la justice suite aux insultes et doigts d’honneur qu’ils auraient proférés à Macron lors de sa visite à Sélestat (Bas-Rhin) en avril. Dans le même temps, une enquête a été ouverte fin avril après qu’un mannequin à l’effigie de Macron ait brûlé à Grenoble, là encore pour « outrage à une personne dépositaire de l’autorité publique. »

Des attaques contre le droit d’exprimer son opposition à la figure présidentielle qui s’étendent également à ses institutions comme la police. Ce week-end, à Montpellier, c’est une banderole « ACAB » (all cops are bastards) affichée sur un balcon en face de la préfecture de la ville qui a été retirée par les pompiers à la demande du préfet. Si la démesure des moyens déployés pour de simples affiches et slogans contre le gouvernement et sa police peut porter à sourire, elle témoigne du durcissement bonapartiste en cours.

Des mesures qui participent d’une large offensive contre toutes celles et ceux qui se permettent d’exprimer un peu trop fort leur colère contre le Président des riches et son régime, criminalisant les expressions variées de la colère des opposants : banderole, slogans, injures, mannequin à l’effigie de Macron brûlés, etc… Dans la continuité des interdictions de manifester, réitérées ce lundi pour la venue de Macron à Lyon, l’objectif poursuivi par l’État ne fait aucun doute : écraser et cacher la colère pour simuler l’apaisement, quitte à remettre en cause les droits de manifester ou de s’exprimer.