C’est une mobilisation historique dans le service de régulation des bus parisiens, soutenue par tous les syndicats (CFE-CGC, Unsa, CGT, FO, CFDT et SUD) pour lutter contre la dégradation rampante des conditions de travail, liée à une réorganisation ayant supprimé la quasi-moitié des emplois. Car jusqu’en 2013, ce service était décentralisé sur plusieurs lieux de travail, s’occupant chacun d’une zone géographique et d’un certain nombre de lignes. Depuis, tout a été centralisé dans un seul centre, à Romainville (Seine-Saint-Denis). Les 500 régulateurs sont devenus 300, dans un procédé devenu fréquent dans le cadre du management des services publics.

Résultat des courses, une dégradation sévère des conditions de travail, mais aussi de sécurité des voyageurs. Là où un agent régulait avant deux ou trois lignes en même temps, il se voit maintenant obligé de devoir en gérer six ou sept. Ils n’en peuvent tout simplement plus. Les maladies professionnelles et les accidents de travail se multiplient, les rapports avec les conducteurs de bus deviennent tendus, plus possible de prévoir ses congés annuels à l’avance tellement le manque d’effectifs met en danger le fonctionnement de ce service pourtant essentiel.

La grève de 48h, votée par une assemblée générale massive de plus de 200 régulateurs réunis devant le centre de régulation à Romainville constitue un premier test pour celle qui a été tout nouvellement nommée PDG de la RATP, Elisabeth Borne, réputée « de gauche ». Les régulateurs sont déterminés à obtenir la création de 62 nouveaux emplois.

Les conducteurs de bus à leurs côtés

Pour cela ils cherchent à éviter le risque de l’isolement. Et les conducteurs de bus (« machinistes ») semblent être de leur côté. Ils écrivent dans un tract unitaire : « Les métiers de machiniste-receveur et de régulateur requièrent des qualités différentes. Les uns ont la pression du contact avec le public, les autres sont sous la pression du ’’résultat’’ que leur impose la hiérarchie. Les uns ont un métier de sécurité, les autres, un métier de régulation, qui inclut une part de management. Pourtant, à la RATP, ils subissent la même politique de productivité, la même souffrance au travail (stress, fatigue, manque de reconnaissance, démotivation), et on leur demande autant d’efforts (travail en sous-effectif, heures supplémentaires, matériel inadapté). […]Si cette journée de mobilisation est couronnée de succès, elle aura un impact positif pour les régulateurs, bien entendu, mais aussi pour les Machinistes. Davantage de régulateurs, c’est plus de disponibilité, et une meilleure communication avec les machinistes. Davantage d’informateurs voyageurs, c’est une meilleure relation de service, etc. Davantage de superviseurs, c’est plus de souplesse dans l’organisation, et une atmosphère de travail apaisée. Voilà pourquoi, nous aussi, les machinistes, avons intérêt à ce que cette journée soit réussie. »

Et les usagers ?

Les usagers ont toutes les raisons de soutenir la grève des régulateurs de bus. D’une part parce qu’ils sont nombreux à affronter les mêmes problématiques sur leurs lieux de travail : réduction des effectifs, augmentation des charges de travail, pressions des chefs, risques psycho-sociaux… Mais aussi parce qu’il en va de la qualité du service de bus, si indispensable, notamment dans des banlieues où le métro et le RER n’arrivent pas et où des milliers de travailleurs et travailleuses dépendent quotidiennement de ce service.

19/06/2015



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