Abdoulaye, étudiant de Paris 1 et réfugié politique guinéen, est détenu au CRA de Joinville depuis son arrestation le 13 Septembre lors d’un contrôle d’identité et risque d’être expulsé dans les jours qui viennent vers la Guinée (Conakry). Militant de l’opposition au régime d’Alpha Condé ayant participé à l’organisation des grandes manifestations de 2013, il a dû fuir la Guinée et encourt une répression politique mortelle s’il y est renvoyé.

Le week end dernier le Tribunal Administratif a rejeté sa demande d’annulation de l’Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) et le Juge des Libertés et des Détention a ordonné la prolongation de sa détention en CRA jusqu’à son expulsion, sous 20 jours. Depuis, sur les différentes universités parisiennes, et en particulier Paris 1, une mobilisation pour empêcher son expulsion se développe. Un collectif de soutien s’est créé et a lancé une pétition qui depuis deux jours a déjà réunie plus de 1700 signatures. Après la publication d’un appel signé par une trentaine de doctorants et professeurs africanistes de Paris 1 (lien), réclamant de la Présidence qu’elle apporte son soutien à Abdoulaye, le Président de l’université, Georges Haddad a enfin ( (lien article) contacté la préfecture pour demander à ce qu’il reste étudier en France.

Aujourd’hui une centaine de personnes est réunie devant le centre de rétention, munies de pancartes : "Libérez Abdoulaye", "Refugees welcome", "Liberté de circulation". Le groupe crie des slogans devant le CRA : "Des papiers pour tous ou plus de papier du tout" ; "libérez les tous" ; "solidarité avec les sans papiers", "et mur par mur, et pierre par pierre nous détruirons les centres de rétentions". La majorité d’entre eux sont des étudiants des différentes facs d’Ile de France - Paris 1, Paris 7, Paris 8 - et des militants, du RUSF notamment.

Progressivement le groupe se rapproche du bâtiment où sont enfermés les détenus. Abdoulaye, avec qui des militants associatifs sont en contact au téléphone, confirme qu’il entend leurs cris de soutien. En écho commencent à se faire entendre des réponses depuis l’intérieur de la prison. Soudain, alors que les quelques policiers alors présents avaient jusque là laissé avancer les manifestants, une vingtaine de gardiens, gazeuse en main et tenant en laisse des chiens d’assaut, commencent à courir vers les étudiants en hurlant. Ils se mettent à pousser le groupe avec violence et s’époumonent "reculez" "dégagez". La tension est vive, les policiers pressent les étudiants de leurs chiens. Sans leur laisser le temps d’avancer, ils les repoussent et les menacent : "ils viennent de manger, ils vont être énervés", "cassez vous, plus vite". En quelques instants les étudiants sont éjectés à travers les broussailles hors du centre. Passées les barrières, au bord de la route, les policiers continuent leur intimidation et leurs menaces. Ils gazent sans raison le rassemblement et l’oblige à reprendre la direction du métro. Arrêté sur la piste cyclable, aux abords du centre, les slogans reprennent avec plus de vigueur encore : "Libérez nos camarades !". De l’intérieur continuent à se fait entendre des réponses. Perchés sur la butte qui sépare la route du CRA, et barrant la route derrière eux, les policiers, toujours flanqués de leurs chiens, s’assurent que les manifestants n’essaient pas à nouveau de s’approcher. Le groupe reste là une vingtaine de minutes avant de repartir vers le métro.