Dans un procès inédit et scandaleux on essaye de condamner des syndicalistes référents de la lutte emblématique de Goodyear Amiens.

J’ai connu les camarades de Goodyear dans le cadre d’un voyage militant de quelques jours en Europe en 2013. Nous nous sommes rencontrés en face du tribunal quand les camarades se sont mobilisés pour exiger que les propriétaires de l’entreprise (une multinationale nord-américaine) donnent des explications sur leur plan de licenciements.

Il s’agissait d’une entreprise de plus qui menaçait de fermer et de licencier massivement si ses conditions n’étaient pas acceptées. Mais on voyait à cette époque déjà la position de la "justice" vis-à-vis du conflit en cours : toutes les garanties étaient données aux patrons pour violer les lois (comme l’importation de pneus de Turquie ou d’Israël pour casser la grève) et elle donnait un aval "juridique" pour laisser des milliers de familles de travailleuses et de travailleurs dans la rue.

Quelques années auparavant, ce sont les camarades de Continental qui avaient mené des actions qui ont permis de rendre visible l’attaque des multinationales qui font chanter les travailleurs avec des délocalisations, pour imposer des plans et des rythmes de production de plus en plus durs pour les travailleurs.

Quand j’ai été en France en 2013, il se déroulait aussi une grève très importante à PSA Aulnay. J’ai eu le plaisir de participer à l’une de leurs assemblées durant le conflit et d’exprimer mon soutien. Cette lutte s’est soldée aussi par des milliers de licenciements. Malheureusement ces luttes isolées les unes des autres, ont été durement attaquées par le gouvernement et les patrons, qui ont réussi à imposer des licenciements.

Ces licenciements représentent des milliers de familles ouvrières qui malgré les indemnités et les allocations de chômage pour un temps, sont jetées dans la grande incertitude d’un avenir qui ne promet rien.

La condamnation des camarades de Goodyear, se veut la condamnation de tous les travailleurs et travailleuses qui résistent aux plans d’ajustements et de délocalisations. C’est une tentative de la part du gouvernement et de sa "justice" de faire un exemple contre ceux qui s’opposent aux attaques patronales. Cette condamnation n’a rien à voir avec la « justice », c’est une décision prise dans les hautes sphères du patronat et de l’Etat qui exigent depuis un moment des peines plus dures contre les travailleurs et les manifestants. Ce jugement est rendu dans un contexte de durcissement du contrôle social et de la répression, et d’une tentative du gouvernement à travers son ministre de l’économie de démanteler le code de travail.

C’est pourquoi nous souhaitons réaffirmer toute notre solidarité aux camarades poursuivis. Nous refusons ces condamnations et proposons une campagne internationale de solidarité pour défendre les travailleurs de Goodyear condamnés pour avoir lutté.