Après la réforme des rythmes scolaires et la réforme du collège, c’est la réforme du lycée qui s’impose pour le nouveau gouvernement. Pour ce faire, il s’attaque au bac qu’il entend réformer pour le rendre plus « musclé ». Par là, il faut entendre que Jean-Michel Blanquer veut réduire l’examen final à quatre épreuves, sans préciser lesquelles. Les autres épreuves feraient l’objet d’un contrôle continu. Le principal argument avancé par le gouvernement est économique : le bac coûte cher à organiser. Chaque année, ce sont près de 700 000 candidats qui passent pendant une semaine leur examen. Cela représente près de 4 millions de copies à faire corriger. Au total, le gouvernement dépense 56 millions d’euros pour ces épreuves.

Cependant, derrière cette volonté affichée de faire des économies, et alors que le gouvernement ne prévoit pas de s’en servir pour désengorger les classes ou dégeler le point d’indice, c’est bien plutôt une mise en concurrence accrue entre les élèves qui risque de se produire. En effet, avec cet examen réduit et le contrôle continu c’est l’instauration d’un bac d’établissement qui se mettra en place. En fonction de la valeur et de la renommée de l’établissement, le bac aura donc plus ou moins de valeur. Couplé avec l’autonomie des établissements, les inégalités scolaires, que Blanquer reconnaît lui-même seront donc validées par l’institution, de même que la mise en concurrence ouverte entre les lycées.

Voulant faire du bac un « un tremplin pour la suite », selon les mots du ministre de l’éducation, on voit que l’orientation future des élèves sera déjà grandement déterminée. C’est une mesure que Macron assume parfaitement puisqu’il veut compléter cette réforme par un prérequis à l’entrée en licence. La sélection se fera donc entre les lycées qui donneront des bacs de valeurs différentes en fonction de leurs effectifs et entre les facultés qui se verront réparties entre pôle d’excellence et universités de seconde zone.

Cette volonté de sélectionner le plus tôt possible et dès l’entrée à l’université est une vieille obsession des gouvernements de droite comme de gauche mais elle s’est à chaque fois opposée à la résistance des enseignants et des lycéens. En 1968 avec Alain Peyrefitte, en 1986 avec les réformes Devaquet et plus récemment en 2005 quand Fillon avait tenté de réduire le nombre des épreuves du bac à six. En 2017, que ferons-nous ?

Crédits photo : Photo Fotolia