L’Union Départementale CGT 13, le syndicat CGT poste 13 et le SGLCE CGT n’en reviennent pas de la décision rendue par le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence à l’encontre du camionneur ayant foncé dans la foule des manifestants de Vitrolles, lors de la huitième journée de mobilisation contre la loi Travail. Alors que le mouvement perdure et reste déterminé, que le gouvernement est de plus en plus aux abois, la justice veut marquer les esprits en octroyant un droit de foncer pour tous ceux qui n’approuvent pas les barrages filtrants. En effet, le chauffeur de camion responsable des blessures infligées à deux militants CGT et de l’emboutissement d’un véhicule transportant un enfant, a été relaxé.

Une famille traumatisée, un véhicule embouti alors qu’un enfant est à bord, et deux membres de la CGT hospitalisés avec 7 jours d’ITT pour avoir été percutés ou écrasés ne constituent manifestement pas aux yeux de la justice des faits assez graves pour entraîner une sanction. Le chauffeur de camion, déjà sous le coup d’une peine de 12 mois de prison avec sursis pour des faits de blessures involontaires sous l’emprise de l’alcool, aura donc bénéficié de la mansuétude des tribunaux. Avec l’impartialité de la juge Stellina Boresi, publiquement opposée au mouvement contre la loi Travail, le chauffard pouvait être sûr d’être jugé selon les usages d’une justice de classe. De son côté, les chances de la CGT de se faire entendre étaient très minces. C’est d’ailleurs ce qui s’est effectivement passé. Me Jean-Pascal Benoit, avocat des parties civiles, n’a pu faire témoigner aucun des 14 témoins dont il avait collecté les récits. Ainsi, personne n’a pu entendre que, pour l’ensemble des manifestants présents ce jour-là, il est évident que le camion a délibérément tenté de forcer le blocus.

La ligne de défense de la justice consiste à invoquer l’état de nécessité et de contrainte morale qui disculpent pénalement toute personne en proie à une menace qui pourrait nuire à son intégrité. Autrement dit, la CGT constitue désormais, dans les faits et plus seulement dans les mots, une menace terroriste. Un tract ou un barrage filtrant sont désormais aussi menaçants qu’une arme. En définitive, cette affaire témoigne du fait que le gouvernement se livre de plus belle à une criminalisation de l’action syndicale et à une véritable justice de classe.