Ce n’est pas nouveau, cela fait plus de 20 ans qu’on casse le régime des retraites. Depuis 1993, jusqu’à la dernière en 2013 (la première d’un gouvernement socialiste), on nous fait partir plus tard, pour des pensions plus petites, mais en cotisant davantage… Espérance de vie et papy-boomers sont invoqués pour expliquer le déficit des régimes de retraite, complémentaires ou non d’ailleurs. Il faudrait donc se rendre à l’évidence face au phénomène, et partir plus tard, toujours plus tard.

Sous quel masque cette fois ?

Aujourd’hui, cette tendance prend la forme de mesures, proposées par le Medef, incitant à partir plus tard. Gattaz et ses amis proposent donc pour le régime complémentaire que les salariés partant à 62 ans perdent 25 % de leurs pensions, et 15 % si 63 ans. La pension complète serait donc placée à 64 ans, contre 62 aujourd’hui. Et encore, on parle ici de ceux qui auront pu cotiser 42 annuités, c’est-à-dire ceux dont la carrière aura commencé tôt, sans coupure, chômage, maladie, congés… Dans la vie réelle, les salariés font plutôt en moyenne 35 annuités. Rappel : la retraite à taux plein, indépendamment des annuités cotisées donc, est passée de 65 à 67 ans avec la dernière réforme.

D’ailleurs, le Medef a revu sa tentative à la baisse, puisqu’en mai il proposait ces mesures mais pour 67 ans au lieu de 64. Et qu’on ne s’y trompe pas, les régimes complémentaires représentent une bonne part de gâteau ! L’Arrco gère les complémentaires de 12 millions d’ex-salariés du privé, qui représentent environ 30 % de leur retraite. Pour l’Agirc, les complémentaires représentent quelques 65 % de la retraite des 2,7 millions d’ex-cadres.

Qu’en disent les syndicats ?

CFTC, CFE-CGC et CFDT acceptent le principe, mais ne sont pas d’accord sur les montants. FO et CGT, elles, sont contre, et pour augmenter les cotisations patronales. Le Medef crie au matraquage fiscal. Cette réunion a des chances de ne pas aboutir à un accord. On pourrait voir de nouvelles « dernières négociations » dans quelques mois. Mais la rupture des discussions pourrait aussi être définitive (sur ce dossier spécifique). L’État reprendrait alors la main sur les deux organismes, et déciderait lui-même des « efforts à fournir », ce qu’il ne préfère pas. Il s’inquiète au contraire de la perte de vitesse de sa stratégie de « dialogue social ».

Pas touche à nos retraites !

Face à la casse de nos acquis, nous disons :

  •  La retraite, c’est à 60 ans et pas un trimestre de plus ! 55 ans pour les travaux pénibles !
  •  Retour au maximum de 37,5 annuités !
  •  Retrait immédiat du projet de loi Hollande-Ayrault-Medef ! Abrogation de toutes les contre-réformes depuis 1993 !
  •  Pour équilibrer le système de financement des retraites, il faut augmenter les salaires et partager le travail existant entre toutes et tous !
  •  À bas la misère de nos anciens ! Les retraites et les pensions doivent être indexées sur l’inflation !
  •  Les années de stage et d’études doivent être prises en compte dans les années de cotisation !
  •  Halte au pillage de la Sécu par les patrons ! L’argent des cotisations est le fruit de notre travail, c’est donc aux travailleurs et à leurs organisations de gérer les caisses de la Sécu !