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Réforme Proxima

Toulouse. Le ménage des centres culturels de la métropole sera maintenant externalisé au privé

A Toulouse, la réforme Proxima, mise en place le 1er janvier dernier, commence à se faire sentir. Alors que beaucoup de secteurs subissent les effets de la réforme, l’externalisation du ménage des centres culturels de la métropole au profit d’entreprises privées vient démontrer la logique néo-libérale de Proxima.

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Toulouse. Le ménage des centres culturels de la métropole sera maintenant externalisé au privé

Façade arrière de la Médiathèque avant la construction de l’immeuble métropole. Crédits John Lipton.

Entrée en vigueur le 1er janvier, la réforme « Proxima » a restructuré les services publics toulousains. Cette réforme, sous prétexte de gain d’efficacité et de proximité avec les habitants, a pour vocation de tailler dans le budget des services publics toulousains au mépris des 4 000 agents territoriaux et des services rendus aux usagers. Le dernier exemple en date de la logique néolibérale de Proxima est l’externalisation du ménage des centres culturels de la métropole.

En effet, dans douze des quatorze centres culturels (cela avait déjà été mis en place à l’Espace Job après le Covid, tandis que le centre de Bellegarde est pour l’heure épargné), le ménage a été externalisé à des entreprises privées, dont Onet. La raison invoquée par le Capitole est qu’il n’y « aurait pas assez d’agents municipaux pour mener à bien correctement le ménage dans les centres ». Autrement dit, ce sont les coupures budgétaires et les différentes politiques visant la baisse des effectifs qui ont amené cette situation de sous-effectif dans les équipes de ménages, et ouvert la porte au privé. On en constate déjà aujourd’hui les effets. Avec l’externalisation, les agents ont été regroupés et envoyés sur d’autres centres et ont dû changer de locaux.

Ils ont également dû restructurer leur hiérarchie, ce qui a perturbé la répartition des tâches pour les agents. Les agents du privé ont maintenant deux fois moins de temps que ce qu’avaient les agents de la métropole pour nettoyer les centres. Des conditions qui illustrent à la fois le traitement réservé aux employés du secteur privé et les conséquences sur la qualité des services. Nicolas [*], agent de ménage, explique pour Révolution permanente que « L’externalisation du ménage est la première étape de la chaîne de privatisation des services publics. Ce schéma est toujours le même, on commence par les plus invisibles comme nous, et après on s’attaque petit à petit à des secteurs plus importants. Les conditions de travail de la sous-traitance dans le ménage sont le signe le plus significatif du délitement des services publics et des conditions horribles dans lesquelles travaillent les agents du privé. »

Onet par exemple est une entreprise bien connue pour imposer des conditions de travail très dégradées : salaires de misère, cadences infernales, temps partiels, horaires coupés... Les rémunérations varient souvent considérablement d’un agent à l’autre. Ces dernières années, de nombreuses grèves ont éclaté contre les conditions de travail chez Onet : au dépôt RATP de Pierrefitte en 2022, sur l’ensemble du réseau RATP pendant les retraites en 2023, au CHU de Montpellier en 2023, et tout récemment à Toulouse à l’hôpital de Purpan en janvier 2024.

L’externalisation est une méthode de plus en plus répandue au niveau national comme dans les collectivités. D’une part, cela permet de faire un cadeau à des actionnaires privés, en transformant une tâche essentielle en un travail lucratif pour une entreprise privée externe. En tout, l’État externalise vers le privé pour un montant total de 160 milliards d’euros par an, soit l’équivalent du quart de son budget. D’autre part, cela permet de diviser les agents qui travaillent sur un même site, et faire en sorte que les travailleurs externalisés n’aient pas les mêmes droits ni conventions que leurs collègues. Cela précarise les conditions de travail, et par conséquent les conditions d’utilisation des usagers. Cette logique néolibérale, le gouvernement veut la renforcer en détruisant progressivement le statut des fonctionnaires, pour calquer le fonctionnement du public sur celui du privé. C’est l’objectif de la réforme portée par le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini, que ce soit via la généralisation du licenciement pour « insuffisances professionnelles » ou encore avec la rémunération au « mérite ».

La réforme Proxima se pose comme une déclinaison locale de la politique de casse des services publics voulue par le gouvernement. L’externalisation du ménage des centres culturels laisse présager d’autres attaques envers les différents secteurs des services publics toulousains. Face au stress, au délitement de leurs conditions de travail et à la peur des futures attaques occasionnés par Proxima, il est central que les agents de la fonction publique toulousaine se réunissent et se préparent à imposer un rapport de force. Seule cette perspective d’unité des travailleurs de tous les secteurs de la métropole, autour d’un programme contre la destruction des services publics et des conditions de travail, pourra faire reculer une mairie qui ne compte certainement pas s’arrêter aux centres culturels.


[*Le prénom a été modifié.



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