Sur le site de Gentilly en Val-de-Marne mais aussi du Carteret à Lyon, Sanofi a mis en place un dispositif destiné à enregistrer les faits et gestes de ses employés afin, en apparence, d’optimiser la gestion de l’espace dans l’entreprise. Systématiquement présentées sous des allures bienfaitrices, les pires inventions des techniques de gestion du personnel ont ici franchis un cap dans la surveillance généralisée de leurs employés. Alors que le nouveau campus Val de Bièvre de Sanofi près de Paris a été conçu comme un immense open space propice à la libre association des travailleurs et à l’échange et au partage entre collègues, la réalité est d’un tout autre ordre. En effet, la direction a décidé de prendre une plus exacte connaissance des agissements de ses employés, notamment dans leur gestion de l’espace et des déplacements. Pour ce faire, elle a envisagé de doter chaque salarié d’une puce RFID (Radio Frequency IDentification), c’est-à-dire d’une puce permettant de géolocaliser la personne à tout moment. Suite à l’opposition des syndicats, la direction à revu son dispositif à la baisse : plutôt que d’équiper chaque salarié, ce sont seulement les porte-badge qui ont été équipés d’une puce électronique. Ainsi, l’anonymat est préservé. Cependant, cela ne résout en rien le problème du flicage quotidien des travailleurs. Comme le souligne le délégué FO du site : « même avec le porte-badge anonymisé, il est facile de faire un lien entre cette puce et celle du badge qui sont activées ensemble quand on passe les contrôles ». Par ailleurs, la direction refuse de transmettre l’expertise de la Cnil sur l’affaire. Quant on sait que cette même commission s’est déjà prononcée contre la géolocalisation des salariés dans leur déplacement en véhicule, on serait bien en peine de croire qu’elle autorise ce type de dérive au sein même de l’entreprise.

Sanofi déclare n’être pas le seul groupe à utiliser cette technologie au service de son fonctionnement. Mais on peut être sûr que les usages qui en sont fait sont partout les mêmes : traquer les employés et courir après le moindre gain de productivité pour générer encore plus de profits. Cette réalité est une évidence pour les salariés de Sanofi qui travaillent depuis Février 2016 dans l’angoisse d’une réduction d’effectif de près de 600 emplois et sous une direction qui n’a pas hésité à licencier une partie de son personnel pour «  défaut de performance  ».