En plus de ses sorties sur la Syrie, pendant plus de 2 heures et demi, Sarkozy a exposé ce qui ressemble à un programme électoral, promettant "des propositions" à venir "dans les semaines qui viennent", notamment sur les 35 heures. Il n’est pas anodin que ce sujet ait été mis en avant par l’ancien président de la République. Il faut dire que l’occasion est belle pour remettre le couvert sur le cafouillage gouvernemental savamment orchestré entre Valls et Macron sur le sujet (Macron ayant très probablement agi en service commandé de son premier ministre à l’université du Medef pendant que le locataire de Matignon jouait la partition de « l’homme de gauche » au rassemblement annuel du PS à La Rochelle)

« En écoutant M. Macron, je me demande ce qu’il fait là, déclare Sarkozy au Parisien-Aujourd’hui en France. A part dire qu’il pense le contraire de ce que fait le gouvernement auquel il appartient…" Et de se payer l’actuel ministre afin d’apparaître comme le défenseur idéal des intérêts patronaux : "Ce serait noble de sa part s’il avait le moindre poids dans ce gouvernement pour imposer une politique qui irait dans le sens de l’entreprise."

Le candidat Sarkozy a profité de cette tribune pour prendre des positions radicales, en tentant de remettre au gout du jour son fallacieux concept du "travailler plus pour gagner plus". La suppression des 35 heures ? "Oui il faut le faire" a martelé le président des Républicains, abordant par la même occasion la question de la réforme des retraites : "La question de l’allongement du temps de travail sera clairement posée de deux façons. Il faudra ouvrir une nouvelle négociation sur les retraites et revoir la loi sur les 35 heures obligatoires, car sans les heures supplémentaires qui créent de la souplesse, elle nous met en situation de chute de compétitivité dramatique." De belles déclarations anti-ouvrières pour trouver grâce aux yeux du patronat, et se poser comme le candidat naturel de la droite ultra libérale aux présidentielle 2017, en se posant comme l’alternative de droite à la politique du gouvernement PS, et avec comme premier objectif les primaires de septembre 2016.

En lutte avec Alain Juppé pour être le candidat des Républicains en 2017 et ayant retrouvé une certaine crédibilité électorale - les sondages le place second aux élections présidentielles derrière Marine Le Pen - , Sarkozy cherche donc l’appui résolu du patronat qui lui a fait défaut en 2012. En étant plus macronnard que Macron, l’actuelle "idole" du MEDEF, l’ancien chef de l’État affiche son visage le plus libéral en avançant l’esquisse d’un programme anti-travailleurs. 35 heures, réforme des retraites, heures supplémentaires et remise en question des RTT des cadres, le candidat Sarkozy, fidèle soldat au service du patronat, se met en route.