Suspendant toute politique des quotas en matière d’accueil des réfugiés au développement d’une vaste politique migratoire européenne, Sarkozy a présenté dans une interview au Figaro du 9 septembre un vrai plan de guerre contre les migrants. Distincts des migrants économiques, que la France n’aurait de toutes façons pas les moyens d’accepter, et des réfugiés politiques, Sarkozy milite pour la création d’un statut de « réfugié de guerre », dont les bénéficiaires auraient vocation à retourner dans leurs pays sitôt le conflit dans leur pays d’origine terminé. Marine Le Pen doit en pâlir : restriction du droit du sol, suppression de l’aide médicale d’Etat, aucune prestation sociale pour les immigrés légaux pendant 5 ans, suspension de toute libre circulation des non-européens, renforcement des polices des frontières et des douanes pour une lutte sans merci contre la fraude aux statut de réfugié, centre de rétention dans les pays périphériques de l’UE, quand d’autres demandent déjà la limitation du regroupement familial à l’image de Nathalie Kosciusko-Morize, fin de Schengen, donc, et proposition d’un "Schengen II" … Tout y passe !

Bref l’arsenal complet d’une chasse industrielle à l’immigré mâtinée, bien sûr, de guerre au terrorisme. Autant de mots d’ordre auxquels il n’avait pas recouru de façon aussi systématique en 2012, mais qui aujourd’hui, maintenant que même Valls est passé à la « guerre de civilisation », ont le terrain idéologique largement déblayé pour cela. Si jamais l’Europe forteresse avait manqué d’un porte-drapeau, l’ancien premier flic de France serait parfaitement à la hauteur. Et s’il tape sur les atermoiements hexagonaux de la politique de Hollande, il embraye cependant sur son objectif d’une intervention militaire en Syrie, appelant vivement, à cette fin, à renouer les liens les plus cordiaux avec Poutine.

Sarkozy n’hésite pas, pourtant, à attaquer les mensonges de Marine Le Pen, fustiger sa brutalité, et se gargariser lui aussi, la larme à l’œil, de cette tradition humaniste au cœur de « l’identité française », un humanisme dont, décidément, de Merkel à Hollande, tout le monde en ce moment se sent pétri.
Sarkozy maîtrise ses envolées, se pose en stratège et se prépare à partir en croisade. Il est bel et bien en campagne, et dans les starting-blocks pour rivaliser en matière de projet xénophobe et répressif.

Mais de la ligne dure de Sarko à la tentative de cooptation de l’élan de solidarité par le PS, c’est bien une seule et même politique bourgeoise qui s’exprime, celle qui, à l’échelle internationale, est la première responsable de ces phénomènes migratoires de masse dont elle réprime la plus grande partie, celle qui ne lui est pas utile comme armée de réserve taille et corvéable à merci.