Ce dimanche, la BAC (Brigade Anti-Criminalité) est intervenue au domicile de Shaoyo Liu dans le cadre d’un signalement des voisins pour un « différent familial ». Le déroulement des faits est pour l’instant encore confus. La police explique que l’homme aurait agressé un agent de la BAC avec des ciseaux. Une version troublante et radicalement différente de celle donnée par la famille. Selon leurs déclarations, la BAC aurait forcé la porte du domicile sans raison, alors qu’il n’y avait aucun conflit apparent, et aurait découvert Shaoyo Liu des ciseaux à la main parce qu’il venait de découper du poisson pour préparer à manger. De plus, la police aurait tiré sans faire aucune sommation. Les déclarations des différents membres de la famille semblent toutes converger dans le même sens.

Les agents de la BAC sont particulièrement connus pour leurs méthodes musclées et avoir la gâchette facile. Les dizaines de morts dans la main de la police chaque année sont principalement le fait des brigades spécialisées : BAC, BST et autres. Selon l’avocat de la famille, M. Job : « aucun des principes de légitime défense n’a été respecté. » Et il rajoute : « On est face à la première manifestation des conséquences de la loi sur la légitime défense ». Ce meurtre policier intervient en effet un peu plus d’un mois après le vote unanime à l’Assemblée Nationale d’assouplissement des règles de légitime défense qui donne un véritable « permis de tuer » aux hommes en uniforme.

Lundi soir, un rassemblement spontané a eu lieu devant le commissariat du 19e arrondissement. La colère et l’incompréhension étaient grandes après le choc de l’annonce de la mort de Shaoyo Liu, notamment dans la communauté chinoise de Paris. La police a alors chargé violemment les manifestants rassemblés devant le commissariat, comme le montrent les images diffusées sur les réseaux sociaux. S’en sont suivis des débordements, dont l’incendie d’une voiture de police. 35 personnes ont été arrêtées.

Cette affaire vient mettre le focus sur un phénomène peu connu mais bien réel, celui du racisme décomplexé qui touche les asiatiques. Après l’affaire, les différents médias qui ont couvert l’affaire n’ont pas pris de pincettes pour qualifier la situation. En plus de relayer abondamment la version policière de l’affaire, les qualificatifs racistes utilisés pour désigner les protagonistes de l’affaire se sont multipliés. Avec une palme d’or pour Le Parisien, qui a désigné le rassemblement en hommage à la victime comme « plusieurs dizaines d’Asiatiques furieux ».

Contre les violences policières et le racisme, nous devons apporter notre entière solidarité à la famille de Shaoyo Liu pour que justice et vérité soit établie dans cette affaire.