Le Front national se trouve une fois encore sous la lumière des projecteurs pour des problèmes judiciaires. Après les soupçons d’emplois fictifs ayant touché le parti de la candidate à l’élection présidentielle, c’est au tour du Canard Enchaîné, suivant les révélations de Libération en décembre dernier, de pointer du doigt les irrégularités de la candidate et du président d’honneur du Front national.

D’après les informations du journal, plusieurs propriétés possédées par la famille Le Pen auraient été sous-évaluées. C’est notamment le cas de la propriété familiale de Montretout dans les Hauts-de-Seine. Marine le Pen, via une Société civile immobilière (SCI), détient 12,5% de la propriété tandis que son père en détient 75%. Selon les déclarations de la famille Le Pen, la propriété serait d’une valeur de 1,8 million d’euros, les parts de Jean-Marie Le Pen représentant donc un total de 1 350 000 euros, et sa fille, 225 000. Cependant, à la fin de l’année 2015, le fisc aurait livré une estimation bien différente de celle avancée par la famille Le Pen : Pour eux, la propriété familiale de la candidate à l’élection présidentielle aurait une valeur de 3,6 millions d’euros, soit deux fois plus.

Si cela était avéré devant la justice, cela signifierait que le parti anti-système aurait détourné plus d’un million et demi d’euros, un crime passible d’une peine de 3 ans de prison et de 10 ans inéligibilité (1 350 000 pour Jean-Marie et 225 000 pour Marine Le Pen). Mais ce n’est pas tout, puisqu’il ne s’agit pas ici de la seule propriété dans le viseur du Canard Enchaîné, qui a relevé une autre irrégularité vis-à-vis de la propriété familiale de Rueil-Malmaison, toujours dans les Hauts-de-Seine, et toujours possédée par Jean-Marie et Marine Le Pen (tout du moins, cela était le cas avant qu’un incendie ne détruise la maison l’année passée). Dans la déclaration, la maison était évaluée à 350 000 euros par ses propriétaires, tandis que le fisc et la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) évaluent la propriété à 3,3 millions d’euros. Une somme bien éloignée de la déclaration et qui ne peut, selon toute vraisemblance, n’être qu’un acte délibéré de flouer les instances en place.

C’est à cette occasion que Marine Le Pen a annoncé n’avoir rien à voir dans cette histoire, ayant transféré à la HATVP l’évaluation que Jean-Marie Le Pen avait réalisé des propriétés familiales. Ainsi, la présidente du Front nationale et candidate à l’élection présidentielle reporte la faute sur son père, alors même que les relations entre les deux semblaient apaisées, Jean-Marie Le Pen conservant même son poste de président d’honneur du Front national il y a peu. Cette affaire, en plus de ranimer les supposées tensions familiales, marque un cran d’arrêt dans la campagne de la candidate se voulant anti-système et en dehors des manipulations de toute sorte, ayant elle-même condamnée François Fillon récemment sur un plateau de télévision en ces termes : « Les Français se posent légitimement une question : qui est le vrai Fillon ? N’est-il pas un homme qui aime l’argent et qui aurait pu manœuvrer pour s’enrichir ? C’est ça la question essentielle. »

Cette nouvelle affaire éclaboussant le Front national montre que Marine Le Pen, Emmanuel Macron, François Fillon et tous les autres politiciens professionnels pro-capitalistes actuellement engagés dans la course à l’Élysée ne sont en rien en lutte contre le système, un système qui pour certains les a envoyés en quelques années seulement dans les hautes sphères de la politique française, et pour les autres les a rendus millionnaires.