Depuis le début du mois de novembre, la tribune impulsée par des médecins dénonçant la suppression de l’AME prend de l’ampleur. Cet appel intitulé « Nous demandons le maintien de l’aide médicale d’Etat pour la prise en charge des soins des personnes étrangères » est une réaction à la suppression de la menace de suppression de l’aide médicale d’État, permettant aux personnes en situation irrégulière d’avoir tout de même accès aux soins médicaux de base, dans le cadre de la loi immigration.

À rebours de cette logique réactionnaire, ces milliers de médecins défendent dans leur tribune que : « les patients que nous soignons et qui bénéficient de l’AME ne sont pas, dans leur grande majorité, des personnes qui ont migré vers la France pour se faire soigner, mais des personnes qui ont fui la misère, l’insécurité ou qui l’ont fait pour des raisons familiales. ».

Les médecins dénoncent par ailleurs la casse des services publics, que la suppression de l’AME aggraverait selon eux : « Dans le contexte de crise que vit l’hôpital public, et dont le Covid-19 a été le révélateur, la remise en cause de l’AME ferait donc courir un risque majeur de désorganisation du système de santé, d’aggravation des conditions de travail des soignants et de surcoûts financiers importants ».

Dans un article publié hier, Antoine Pelissolo, membre du PS et psychiatre à l’origine de l’appel, précise par ailleurs la volonté des signataires de désobéir à la mesure. « Nous avons choisi d’employer le terme de désobéissance mais, en pratique, ça se traduirait différemment selon les praticiens. Un médecin libéral s’engagerait à soigner une personne sans lui demander de payer ses consultations. C’est très symbolique parce que c’est lui personnellement qui en assumerait les frais. » explique-t-il à L’Humanité.

Un appel à la désobéissance important à l’heure où la mesure a été validée par le Sénat dans une version durcie du texte qui pourrait être adoptée par l’Assemblée, en dépit des débats ouverts. Alors que la tribune a l’intérêt de visibiliser une des mesures les plus réactionnaires de la nouvelle loi, c’est cependant à l’ensemble du texte qu’il faut s’opposer fermement. La loi immigration menace en effet des milliers de personnes et constitue une offensive xénophobe d’un niveau historique.

Alors qu’une partie de la gauche institutionnelle a participé ces derniers mois à légitimer ce texte ignoble, en entretenant l’illusion d’un « titre de séjour métier en tension » favorable aux étrangers, il est fondamental d’exiger haut et fort son retrait pur et simple. Pour cela, il y a urgence à construire un plan de bataille pour dénoncer et rejeter l’agenda raciste et xénophobe du gouvernement dans son ensemble, sans négociations ni amendements. Alors que la grève des 600 travailleurs sans papiers en Île-de-France, ayant permis l’obtention de CERFA pour la quasi-totalité des grévistes en l’espace de quelque jours a rappelé le rôle central des travailleurs immigrés, l’ensemble du mouvement ouvrier doit refuser l’attaque xénophobe du gouvernement !