Aujourd’hui, le 19 juin 2016, il y avait un appel national à manifestation pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah. Cet homme est un militant pro-palestinien emprisonné depuis 32 ans en France sur des accusations plus que légères, la citation de 1985, de Jacques Attali, parlant de son accusation dit : « Mercredi 6 mars 1985… il n’est inculpé que de faux et usage de faux. Il dispose d’un vrai-faux passeport algérien ».

Je ne referai pas ici l’histoire de ce combat ni celle de la cause palestinienne. C’est mon engagement contre l’injustice encore plus que mon engagement pour la cause palestinienne qui m’a poussé à aller à cette manifestation : 32 années d’une vie sur une base de faux passeport algérien ! La manifestation s’est bien passée. J’avais un autre rendez-vous, le concert en soutien aux inculpés du 22 novembre qui avait lieu au Centre International de Culture Populaire à côté de l’arrêt de métro Rue des Boulets sur la ligne 9.

Je quitte la manif avec deux de mes amis. J’étais vêtue d’un pantalon noir, un tee-shirt Amnesty International « Palestine Vivra » et derrière « Boycott Israël ». Naïve, je me suis dit que malgré la chaleur, je ne mettrai pas ma veste. J’ai donc gardé ce tee-shirt et mon keffieh noir et blanc. Le message est clair mais certainement pas insultant. D’ailleurs, je vois mal comment Amnesty International pourrait soutenir quelque chose de déplacé.

On prend le métro avec mes copains, arrivés à Rue Des Boulets, dans l’escalator, un mec nous suit. Je le remarque, mais je me dis que c’est juste une personne qui va sortir au même endroit que nous ! Grosse erreur ! Arrivés en haut de l’escalator, il met un coup de poing à mon camarade et me tape sur l’épaule (ça s’est passé tellement vite que je n’avait même pas capté que mon copain s’était pris une droite), il me tape donc sur l’épaule, me dit « c’est de la part d’Israël et de la LDJ » et me gaze tout le visage à la bombe au poivre, je tombe par terre. Alors mon deuxième copain essaie de nous défendre il arrive plus ou moins à esquiver un coup de pied bien préparé !

Je ne sais pas qui était cet homme mais je me rappelle, en revanche, des voisins qui non contents de ne pas apporter leur aide, m’ont dit, alors même que mon visage me brûlait et que mes yeux pleuraient encore : « c’est de votre faute vous avez un t-shirt provocant ». On m’a aidé à rejoindre le lieu du concert où j’ai pu me rincer le visage et être soutenue psychologiquement. Quel pays démocratique laisse prospérer de telles actions ? Comment aller porter plainte quand le gouvernement soutient ostensiblement non pas la cause juive comme un des voisins, me l’a fait remarquer, mais la LDJ, et la politique impérialiste d’un État meurtrier. Dans quel pays démocratique est-il normal qu’un citoyen puisse gazer un autre citoyen pour un t-shirt ? Et tout cela sous les yeux non pas impuissants mais complices des riverains ! J’ai été profondément choquée par cette agression, mais ma détermination n’est pas entamée, elle n’en n’est que renforcée.