1er septembre 2016… Après avoir participé à un mouvement historique au sein de l’AP-HP, la réforme implacable s’abat sur nous. Pourtant, tout avait plutôt bien commencé. Nous avions réussi à nous élever collectivement contre une réforme du temps travail qui, en plus de nous priver de repos si précieux, mettait encore à mal nos hôpitaux. Encore un peu moins de personnel pour accomplir des missions plus nombreuses sur des horaires divers et une amplitude diminuée.

Déjà les conditions n’étaient pas optimales. Les manques humains et matériels se font plus pesant d’année en année, plan d’économie après plan d’économie. Quand on passe plus de temps à exécuter des prescriptions qu’à faire en sorte que le patient se sente le mieux possible pour adhérer aux traitements proposés ; quand on court après le temps et que les patients s’excusent de nous déranger, s’excusent d’avoir mal… Ne vous excusez pas, nous sommes là pour ça, et si nous ne sommes pas disponibles, signalez-le, vous aurez peut-être plus de poids.

Une paire de bras et une oreille attentive ne seraient pas de refus, mais on les a déjà enlevés alors on fait sans. Et sans, on fait comme on peut, en sachant qu’on fait mal et qu’on voudrait faire mieux. Chaque jour nos valeurs sont foulées du pied par des directions qui raisonnent en termes de rentabilité alors que nous plaçons l’humain au cœur de nos missions. Cette situation est un désastre pour nos conditions de travail mais pire encore pour la santé des patients que nous recevons.

1er septembre, application du plan Hirsch… Le cœur gros, un mélange de colère, de découragement et d’épuisement. Déjà de nombreux collègues ont pris le large… Bien trop de pots de départ cet été… Les collègues embauchés depuis plusieurs années en grandes équipes fuient les nouvelles conditions de travail.

L’été a été rude et là c’est le coup de massue ! Comment envisager la suite alors que chaque jour qui passe nous éloigne un peu plus de la prise en charge que nous souhaitons offrir à nos patients ? Continuer à prendre soins alors que la fatigue s’accumule et que les perspectives d’améliorations ressemblent de plus en plus à des mirages ?

Nous avons choisi notre lieu d’exercice mais nous ne pouvons assumer seuls les combats à mener pour sauvegarder l’accès et la qualité des soins. L’hôpital public est un bien commun, qui nécessite la participation de chacun pour assurer sa pérennité.

Aujourd’hui, les agents de l’AP-HP accusent le coup mais nous ne sommes pas prêts à sacrifier nos valeurs professionnelles pour faire de nos hôpitaux des entreprises rentables.