« Le 11 mai, nous serons en capacité de tester toute personne présentant des symptômes. » Cette phrase, prononcée par Emmanuel Macron lors de sa prise de parole de lundi dernier, se voulait probablement comme une grande annonce. Une annonce à même de rassurer les Français sur le déroulement de l’après-confinement, alors que le gouvernement affirme que la pandémie « ralentit » dans le pays, pour reprendre les mots du ministre de la Santé Olivier Véran, mais que la menace d’une deuxième vague de contamination reste bien présente.

Or, il n’en est rien : cette dernière a depuis fait l’objet de vives critiques de toutes parts et pour cause : elle est totalement insuffisante quand des études sérieuses notamment menée en Italie affirment qu’il y a entre 50% et 75% de porteurs asymptomatiques, tout aussi contagieux. Une étude que le professeur Sergio Romagnani conclut en affirmant que « isoler les personnes sans symptôme est essentiel pour contrôler la diffusion du virus » comme l’indique. Dans ces conditions, une deuxième vague meurtrière semble inévitable. C’est ce que montre aussi une étude réalisée par l’Inserm, selon laquelle sans isolement systématique de l’ensemble des personnes malades, ce scénario ne pourra être évité. Mais encore se donner les moyens de les détecter. « Nous allons vers les 200 000 tests », a affirmé ces derniers jours Olivier Véran sur RTL, quand 150 000 tests par semaines sont déjà pratiqués à l’heure actuelle alors que la population est confinée.

Une stratégie sans réelle garantie sanitaire de la part du gouvernement, qui révèle une fois de plus son sens des priorités : le confinement a assez duré, il est désormais temps pour tous de retourner travailler coûte que coûte au profit des grands patrons, quitte à tomber malade. « Tout ceci nécessite des procédures lourdes et longues mais en quelques semaines on peut rouvrir un pays, à condition d’en avoir les moyens. Depuis le début, l’essentiel de la communication gouvernementale vire sur la gestion de la pénurie, plus que sur le mode d’emploi du déconfinement. » Invité à s’exprimer ce week-end sur BFMTV, le Professeur en criminologie Alain Bauer n’a pas été tendre avec les annonces de la Macronie. « Des tests uniquement pour qui présentent des symptômes ne présente aucun intérêt, avec 75% d’asymptomatiques ! »

Les écoles, nouveaux foyers de propagation après le déconfinement ?

Parmi les annonces faites par Emmanuel Macron lundi dernier concernant l’après-confinement, l’une a particulièrement retenu l’attention : celle de rouvrir progressivement l’ensemble des établissements scolaires, des crèches au lycée. Une décision – justifiée bien maladroitement dans la foulée par Jean-Michel Blanquer par des considérations sociales – qui a surtout pour but de permettre aux parents de retourner travailler pour relancer l’économie. Le tout après deux mois d’une continuité pédagogique désastreuse pour les élèves, comme l’ensemble des personnels enseignants.

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Sans mis en place des garanties sanitaires adéquates, une décision qui a de quoi inquiéter. En effet, une grande incertitude demeure concernant l’impact du virus sur les enfants. Les cas graves ont certes été largement moins nombreux que chez les personnes âgées, mais ces derniers sont tout aussi susceptibles d’être porteurs, et seraient même particulièrement contagieux. Pire, comment imaginer imposer à de jeunes enfants les gestes barrières, indispensables pour éviter toute propagation ?

Mais c’est surtout une nouvelle fois le manque de moyens sanitaires qui pourrait avoir des conséquences dramatiques. Sans test des personnes asymptomatiques, rares seront donc les enfants testés et le virus ne pourra être détecté efficacement dans les écoles, encore plus qu’ailleurs. Des écoles qui, pour nombre d’entre elles ne disposent pas des moyens sanitaires nécessaires pour assurer la mise en place des gestes barrière. Selon l’ONS (L’Observatoire national de la sécurité et de l’accessibilité des établissements d’enseignement), ce sont un quart des écoles qui n’ont pas assez de points d’eau pour permettre aux élèves de se laver régulièrement les mains (22% des établissements du second degré). Un établissement scolaire sur dix manque de savon, 75% n’ont pas de gel hydroalcoolique, 95% n’ont pas de personnel infirmier...