A l’initiative d’Utopia56 et Révolution Permanente, plus de 300 personnes se sont réunies, vendredi 1er mars, contre les expulsions racistes qui s’intensifient à Toulouse. L’appel, signé par 26 organisations des droits humains, antiracistes, politiques, syndicales et de jeunesse (LDH, DAL, Médecins du Monde, Toulouse Anti CRA, France Insoumise, NPA, Solidaires Etudiants…) insiste sur la nécessité d’ «  une réaction unitaire face aux expulsions » et revendique « une solution pérenne immédiate de relogement pour toutes les personnes à la rue et en logement insalubre ». Alors que les expulsions se multiplient ces derniers mois à Toulouse, ce rassemblement exprime la volonté d’unifier les réponses face aux attaques des institutions locales.

Le matin-même, 200 mineurs isolés du collectif AutonoMIE étaient mis à la rue pour la deuxième fois en une semaine, en pleine trêve hivernale. Ils ont subi tour à tour l’acharnement de la nouvelle présidente de l’université Paul Sabatier, qui les a expulsés du bâtiment dans lequel ils avaient trouvé refuge depuis plus d’un an, puis celui du maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, qui a ordonné leur expulsion du gymnase Saint-Sernin qu’ils occupaient depuis vendredi 23 février.

En ouverture du rassemblement, un mineur isolé a pris la parole pour décrire la violence des expulsions et témoigner : « La police nous a réveillés à 6h du matin pour nous expulser du batiment, sans aucun remors, sous une pluie glaciale », «  cette nuit du 23 février, nous avons tous passé la nuit dehors, et le lendemain, presque tout le monde était tombé malade ». «  On lance un appel solennel à toutes les associations qui nous soutiennent de nous venir en aide », a-t-il ajouté.

Ce rassemblement intervient dans un contexte où les expulsions se sont multipliées ces derniers mois à Toulouse mais également au niveau national, comme l’a rappelé Rémi, coordinateur d’Utopia56 Toulouse. «  L’expulsion, c’est une arme de destruction sociale, c’est la dépravation des droits humains les plus basiques ». « La solution est pourtant très simple : régulariser, loger dignement, et accueillir avec dignité  »

Le député de la France insoumise et ancien militant du DAL, François Piquemal, a dénoncé «  une Préfecture hors-la-loi par rapport à l’accès au logement  » ainsi qu’ «  une situation qui dure depuis des années  », conséquence des politiques de « Macron et Moudenc qui main dans la main précarisent toujours plus  ».

Vanessa s’est exprimée au nom de la CGT Magellium Artal, entreprise de la sous-traitance aéronautique. Elle a rappelé les différents combats de sa section syndicale contre les expulsions et la répression dans le mouvement ouvrier. Alors que ces expulsions se font quelques mois après le passage de la loi immigration, elle a pointé le fait que «  Cette montée autoritaire et réactionnaire prépare des attaques contres l’ensemble du monde du travail » et la nécessité pour le monde du travail de travailler à une riposte unitaire à la hauteur.

Solidaires Étudiant.e.s sont intervenus pour dénoncer l’hypocrisie de la direction de la fac et de sa présidence Odile Rauzy, qui avait promis durant sa campagne de ne pas expulser les jeunes, avant de faire appel aux forces de répression au bout d’un mois de mandat. Le syndicat étudiant est également revenu sur la solidarité envers les mineurs qui a animée étudiants et personnel de la fac, notamment à travers le comité de soutien impulsé dès leur arrivée sur la fac par Les organisations du personnel, AutonoMIE, Solidaires étudiant.e.s et Le Poing Levé Paul Sabatier. Dans ce sens, Sylvain, membre du NPA et personnel de Paul Sabatier, a expliqué :«  personnel et étudiants ont dit : on relève la tête et on défend ces jeunes migrants qui viennent sur notre campus  », avant de finir en dénonçant Odile Rauzy, «  la Usain Bolt du retournement de veste ». Des interventions ponctuées de slogans appelant à la démissions d’Odile Rauzy.

Jean François Tortajada, secrétaire général de l’Union Départementale CGT Haute Garonne, a quant à lui dénoncé : « le racisme et comment on traite les immigrés, ça a toujours été le bras armé du capital ». Il a revendiqué les grèves de sans papiers de la région parisienne, et les premières victoires pour la régularisation qu’elles ont commencé à arracher.

Un militant proche des jeunes a conclu le rassemblement en annonçant une victoire, bien que temporaire : «  Les jeunes d’AutonoMIE ne dormiront pas dehors ce soir. Ils ont gagné 48 heures à l’Eglise Sainte-Germaine  » Avant d’envoyer un message à la foule : « Venez à leur rencontre, voir la réalité de ce qu’ils vivent, cela permet de prendre conscience du racisme d’Etat que ces jeunes subissent »

La lutte contre la mise à la rue des mineurs isolés et plus largement contre toutes les expulsions racistes doit s’amplifier en s’appuyant sur cette première démonstration d’une réponse unitaire à l’échelle de la ville. Dans ce sens, Alberta, militante à Révolution Permanente et au Poing Levé a indiqué la voie à suivre pour mettre fin aux expulsions, en insistant sur la nécessité de construire un rapport de force le plus large possible : « Ce rassemblement doit être la première étape d’une lutte unitaire de toutes les organisations de la ville pour qu’il n’y ait pas une seule personne qui dorme dehors, pour exiger un logement pour toutes et tous ».