Si l’on n’y prête pas un œil attentif, la nouvelle peut facilement nourrir quelques espoirs : chaque année, l’Université voit ses budgets à la baisse, quoi de mieux qu’une visibilité internationale pour revaloriser l’enseignement français ?
Dans son article élogieux, La Dépêche se garde bien de rappeler que les conditions d’études se dégradent d’années en années, de réformes en réformes. A la rentrée 2015, 4 000 bacheliers n’ont pas pu s’inscrire, les amphithéâtres et les TD surchargés ne se comptent plus et les premiers jours d’octobre ont déjà plusieurs grèves à leurs actifs. De plus, les déclarations appelant à une augmentation brutale des frais d’inscription font partie intégrante du processus en cours de démantèlement de l’université publique, en imposant la sélection économique.
Ce futur est d’autant plus alarmant que face aux établissements publics se dressent écoles et établissements privés : par exemple, à l’heure où des étudiants écoutent leurs cours assis par terre à l’Université du Mirail, la Toulouse School of Economics applique une logique élitiste. Ce n’est pas sans surprise quand on se penche sur les recherches de son président Jean Tirole, nobélisé à grand bruit l’année dernière et clamant que l’économie se constitue « d’agents » ni pauvres ni riches, sans oppressions ni déterminants sociaux... On peut regretter un léger détachement de la réalité, composée de précaires et d’étudiants sans sous issus des classes populaires.

C’est la fac de l’austérité, d’où l’Etat se désengage et qui doit chercher ses financements dans les partenariats public-privés ; celle dont la moitié du CA se compose de représentants du "tissu économique locale". Au nom de la compétitivité, les universités se constituent en pôles et rentrent en concurrence. « L’union fait la force » nous dit La Dépêche, vantant alors les mérites du rassemblement de 26 établissements de Midi-Pyrénées en une Comue (Communautés d’universités et d’établissements) devenue Université Fédérale. C’est oublier la démocratie douteuse qui accompagna la création de ce statut (et ce, partout en France) et les suppressions de postes qui s’en suivirent. Une université toujours plus bureaucratique et élitiste pour le couronnement des lois LRU et Fioraso... Se rassembler au détriment d’acquis sociaux et ce pour un classement inadapté aux spécificités de l’enseignement supérieur français, telle est la clef du succès vanté par La Dépêche.

Pour finir, le quotidien nous assure que « les étudiants, enseignants et chercheurs, ainsi que tout le tissu économique régional devraient en retirer d’énormes avantages. » L’avantage des étudiant-e-s, des enseignant-e-s et de tous les travailleur-euse-s du secteur ou d’ailleurs ne se situe pas dans l’austérité non-consentie. Il se trouve dans une Université gratuite, ouverte aux classes populaires et libérée des logiques d’entreprise, où les décisions sont prisent démocratiquement par tous ses usagers représentés, aux antipodes du modèle défendu par les classements du type Shanghai.