Alors que l’Aïd, fête musulmane qui célèbre la rupture du jeûne à la fin du Ramadan, avait lieu cette année le vendredi 21 avril, les directions de plusieurs établissements scolaires ont été destinataires d’un mail provenant des « Correspondants Police Sécurité École » du commissariat du secteur Toulouse-Rive Gauche. Présenté comme une « demande des services de renseignement », ce mail vise explicitement à « connaître le pourcentage d’absentéisme le Vendredi 21/04/2023, lors de la fête de l’Aïd ».

Refusée par les enseignant-e-s des établissements concernés, cette enquête scandaleuse a été dénoncée par le syndicat SUD Éducation 31-65 dans un communiqué adressé à la préfecture, au rectorat et à la presse.

Adressée prioritairement à des établissements des quartiers populaires de Toulouse, l’enquête laisse peu de doute quant à ses intentions : établir des statistiques du nombre d’élèves musulmans dans les écoles. Une pratique qui n’a rien d’un accident, comme le révèle un document posté sur le compte Twitter du CCIE, selon lequel la Direction des services départementaux de l’Éducation nationale a demandé aux chefs d’établissements une « enquête Ramadan à l’école », avant de devoir se rétracter. Il s’agit ainsi d’un véritable fichage sur la base de la religion supposée des élèves, orchestré à la fois par l’Éducation nationale, mais aussi, dans le cas de Toulouse, directement par la police !

Dans la continuité de l’offensive lancée à la rentrée par le ministre de l’Éducation Pap Ndiaye, il s’agit, une fois de plus, de mettre en place des procédures de délation et de fichage des élèves musulmans ou considérés comme tels, en ayant recours à des méthodes de criminalisation. Alors que le prétexte « d’atteintes à la laïcité » encourage les personnels et élèves à signaler les élèves dont la tenue sous-entendrait une appartenance religieuse à l’islam, le fichage des élèves musulmans ou supposés tels est un révélateur supplémentaire de l’islamophobie d’État. Une islamophobie qui s’accompagne d’un véritable profilage racial, avec son lot de harcèlement et d’humiliations, dont les jeunes filles considérées comme musulmanes sont les premières victimes.

Instrumentalisant la laïcité, le gouvernement a fait de l’école un élément-clé de ses politiques racistes et islamophobes. De plus en plus, rectorats et institutions policières s’associent pour réprimer les élèves musulmans, mais aussi toute forme de contestation qui peuvent s’exprimer au sein des établissements. Ce sont les mêmes EMS (Equipe Mobiles de Sécurité associées aux rectorats) qui sont envoyées en cas d’atteinte aux « Valeurs Républicaines » et pour intervenir lors des blocages dans les établissements, c’est la même police qui veut ficher les musulmans et qui réprime les grévistes. Nous devons dénoncer l’islamophobie et le racisme d’État, ainsi que la répression qui s’abat sur les élèves et les personnels, et appeler nos organisations syndicales à prendre position et à dénoncer ces offensives. Les enseignants doivent refuser d’être les chiens de garde de l’islamophobie, et la police n’a rien à faire dans les écoles !