Mickael était du type de ceux que la vie n’épargne pas. Décrit comme "fragile", il est diagnostiqué à 18 ans atteint d’une schizophrénie paranoïde sévère. De ces diagnostics qui étiquettent violemment ceux que le système a déjà commencé à broyer psychologiquement, diagnostics dont le DSM-V (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) est rempli, et qui permettent au passage d’écouler des médicaments plutôt que de chercher à comprendre réellement la souffrance subie. Dans le foyer où il vivait, Mickael ne s’était jamais montré violent, même si son mètre quatre-vingt-dix pouvait impressionner parfois.

Ce jour-là, dans le Carrefour le plus fréquenté de France, Mickael vole une canette, et se fait repérer par la sécurité. Il est entrainé dans une salle par quatre vigiles, qui le provoquent à plusieurs reprises. Alors qu’il est calme, on le gifle, et il se lève. C’est alors qu’il est plaqué contre un comptoir, maintenu 20 minutes dans cette position, agonisant jusqu’à l’étouffement, sans même que ses bourreaux ne s’en rendent comptent. Il meurt en poussant un dernier soupir : "Pardonnez-moi"...

Le système tue, la justice de classe entérine

Non, ce n’était pas à Mickael de s’excuser. Le système capitaliste a toujours eu besoin de protéger sa propriété avec des milices plus ou moins dressées. Parfois, ça va jusqu’à l’absurde, jusqu’à risquer de mourir pour un vol à l’étalage. Et malheureusement, tant que ce système où le profit vaut plus que la vie, il y aura d’autres Mickael. Quant aux vigiles rendus coupables de ce meurtre, ils n’ont même pas été licenciés par Carrefour, ils ont tout juste perdu leur agrément d’agent de sécurité. Jugés, ils seront libérés dès l’année prochaine...

Cela aurait certainement été autrement si Mickaël était issu d’un milieu aisé. Car la « justice » dans ce système est d’abord et avant tout une justice de classe. Une justice qui autorise de tuer impunément un petit voleur à l’étalage, un manifestant ou un "jeune de quartier".

Contre cette « justice », il n’y a pas d’autre choix que d’imposer la nôtre, contre les pontes de Carrefour qui observent tranquillement depuis leur bureau, et contre leurs milices. Pour Mickael et toutes les victimes de la répression, il n’y aura de notre part ni oubli, ni pardon !