Après les ordonnances-travail, la loi asile et immigration, le Plan étudiants, la casse du statut des cheminots, Macron s’attelle à la grande refonte des retraites. C’est d’ailleurs en partie pour ce projet ambitieux qu’il lui fallait s’attaquer préalablement et frontalement à l’un des secteurs les plus combatifs du mouvement ouvrier.

C’est un site tout beau tout neuf que le gouvernement a lancé ce jeudi 31 mai pour recueillir le précieux avis des citoyens concernant la casse programmée du système de retraite. Pas tant pour savoir comment il faut faire, mais plutôt pour faire oublier les méthodes autoritaires de passage des lois, et commencer d’ores et déjà à communiquer sur ces projets.

Un populisme qui se traduit par une plateforme où citoyens et associations peuvent approuver, désapprouver, commenter et même proposer eux-mêmes des « solutions » aux bonnes idées gouvernementales sur les problèmes des retraites.

C’est que pour ce genre de dossier, il vaut mieux y mettre les formes. En 1995, contre le Plan Juppé concernant les retraites et la sécurité sociale, des millions de travailleurs, du public mais aussi du privé avaient fait reculer le gouvernement par une grève de plus de trois semaines : le mouvement social le plus fort depuis 1968.

C’est vers un système unique de retraite par points que Macron veut se tourner, mettant fin à tous les régimes spéciaux, nivelant par le bas les pensions, et encourageant très fortement – sous peine d’avoir une pension insuffisante – à travailler bien plus que l’âge légal de départ. De fait cela va concerner l’ensemble des secteurs du monde du travail, et de la jeunesse. De quoi donc, investir dans un travail de communication soignée pour se parer d’un faux démocratisme quand viendra l’heure d’annoncer le projet final.

Sur le nouveau site du gouvernement, donc, on propose à l’internaute-citoyen d’avoir « une retraite plus simple, plus juste pour tous ». Qui oserait voter contre cette lapalissade à la sauce Macron ? Les 11 questions posées, avec un cadrage opéré par le Haut Commissariat à la réforme des retraites sont du même tonneau. Mais pour qui ce gouvernement nous prend-il ?