Les résultats ont démontré comment la substance active de nombreuses parties du cerveau et interconnecte également des fonctions normalement dissociées.
Pour ce qui est de la vision, par exemple, normalement contrôlée depuis le cortex visuel, celle-ci, sous l’emprise du LSD, se connecte avec des zones beaucoup plus nombreuses qu’à l’état normal, ce qui génère des patrons visuels semblables à ceux de la phase de sommeil, ainsi que la possibilité de recevoir des stimuli visuels même avec les yeux fermés, c’est-à-dire de voir ce qu´on imagine.
La recherche ouvre la porte à une nouvelle compréhension des substances psychédéliques et leur action sur le cerveau, que les scientifiques comparent à l´état d´un cerveau d´un enfant, plus flexible et libre des restrictions, et également beaucoup plus actif.
Le LSD, découvert en 1938 par le suisse Albert Hoffman, alors qu’il cherchait des dérivés d´ergot de seigle pour être utilisés dans l´industrie pharmaceutique. Cette substance avait déjà été employée en psychiatrie, avec des résultats probants dans le traitement des addictions et de la dépression, et se présentait sous la forme d´une substance révolutionnaire qui était en train d´aider les psychiatres à comprendre le fonctionnement de la conscience.
Cette révolution de la neuroscience s´est vue brisée lorsqu´en 1966, époque à laquelle le LSD a été interdit. Il a alors été ajouté à la catégorie de "Schedule 1", c’est-à-dire considéré comme un produit de haute probabilité d´abus, qu´on ne peut pas considérer sûr même sous supervision médicale qui affirme que la substance ne possède pas un intérêt scientifique ou médical. Voilà pourquoi son utilisation est également interdite à usage expérimental.
Cette interdiction a été un précèdent de ce qui deviendrait la « Guerre contre les drogues » du gouvernement de Nixon, qui suite à une campagne de désinformation, a mis fin à presque 30 ans d´utilisation du LSD en psychiatrie.
Cependant le LSD n´a aucune des trois caractéristiques qui sont répertoriées pour entrer dans la catégorie Schedule 1 : c´est une substance qui ne provoque pas d’addiction, et son effet génère une tolérance (une deuxième dose immédiate ne provoquera aucun effet). Il n´existe pas une LD50 (dose létale) connue pour l´être humain et il n´y a aucun cas enregistré d’overdose depuis sa découverte il y a 78 ans. Enfin, son potentiel scientifique et médical a été largement démontré lors de recherches mises en place dans les années ’40, ’50 et ’60, par une nouvelle génération de scientifiques qui sont actuellement en train d´étudier des psychédéliques comme la Psilocybine et le LSD dans le traitement de la dépression et de anxiété sur des patients ayant un cancer en phase terminale.
Actuellement, ce qu´on appelle la guerre contre les drogues s´est transformée en une politique répressive, la plus coûteuse des États Unis, qui a fait exploser les chiffres de la population carcérale. Les agents qui l´ont développé aujourd´hui avouent que cela a été un prétexte pour criminaliser la population noire et la jeunesse hippie (John Ehrlichman, responsable de la politique intérieure du gouvernement de Nixon). Des déclarations qui ne font que confirmer ce que des personnes comme Matthew Fogg, ex agent de la DEA, avaient dénoncé : l’existence de consignes qui prônait le fait d’éviterla mise en place de« la guerre contre les drogues » dans les quartiers blancs.
Trad. : David Bergsson
