Le 10 octobre dernier, Sept à Huit, émission diffusée sur TF1, revenait sur une affaire de violences sexuelles. Or, pour l’occasion, la chaîne n’a pas hésité à inviter Bernard Henric, gynécologue accusé en 2008 par plusieurs dizaines de femmes de violences sexuelles, et mis en examen pour ces faits, présenté par la chaîne comme un pauvre homme cherchant à clamer son innocence.

Avec le banal surtitre « Enquête », la chaîne LCI du même groupe décrit d’elle-même les faits pour présenter son invité d’honneur : « plus de 60 victimes potentielles, une vingtaine de plaintes déposées, sept ans d’instruction et toujours pas de procès ». Mais c’est pour mieux lui offrir une tribune sans précédent, alors que l’expertise judiciaire a conclu à des pratiques « sans justification médicale » ayant « un caractère sexuel évident ».

Dans leurs témoignages, les femmes racontent des pénétrations sans gants, des « coups de langue au niveau du clitoris », ou encore des propos à caractère sexuel et dégradants. Des accusations lourdes que le gynécologue a pu tranquillement démonter aux côtés de sa femme, multipliant les justifications plus absurdes les unes que les autres, et accusant les victimes de mensonge ou de confusion.

Alors que l’heure est désormais à la libération de la parole de ses victimes avec les vagues successives MeToo, TF1 décide donc de mettre en avant le bourreau pour lui permettre de remettre en question, sur une chaîne de grande audience, les soixante témoignages contre lui. Une initiative des plus misogynes qui n’est pourtant pas isolée, et témoigne du caractère structurel des violences patriarcales que les médias dominants participent à reproduire. L’année dernière, c’était Libération qui offrait sa Une à un homme ayant violé une femme afin de laisser libre court à son récit. Et c’est quotidiennement qu’un homme accusé de viol exerce les fonctions de ministre de l’Intérieur.