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Casse du service public

20 juin : les hospitaliers « en grève et dans la rue » pour exiger des hausses de salaires

Ce mardi, 4 syndicats de la santé appellent à une journée d’action de grève pour l’augmentation des salaires et des meilleures conditions de travail. Une journée pour alerter sur l’état des services hospitaliers la veille de l’été, qui doit permettre de discuter d’un plan de bataille pour construire un mouvement d’ensemble.

Yann Causs

19 juin 2023

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20 juin : les hospitaliers « en grève et dans la rue » pour exiger des hausses de salaires

Crédit Photo : Révolution Permanente

Ce mardi 20 juin, le personnel hospitalier est appelé par un front intersyndicale composé de la CGT, SUD, FO et l’UNSA à une journée d’action pour - selon le communiqué de presse de la CGT - « l’augmentation des salaires et des pensions, la formation, la reconnaissance des pénibilités, l’amélioration des conditions de travail, l’arrêt des fermetures de lits et restructurations ». Un appel intersyndical à être « en grève et dans la rue », où seul manque la CFDT, qui vise à visibiliser la situation dans les services de santé, huit mois après la dernière journée de mobilisation.

Dans le silence, l’hôpital public continue d’aller très mal à la veille de l’été

Si le mouvement contre la réforme des retraites a mis ces derniers mois au second plan la crise profonde des services de santé français, l’arrivée de l’été et ses températures caniculaires promet de la remettre au cœur de l’actualité. Déjà en souffrance depuis plusieurs années, les services d’urgences n’ont jamais arrêté d’être en état d’asphyxie. N’en déplaise au ministre de la Santé François Braun, qui déclarait que le « système de santé est solide », il suffit d’ouvrir la presse locale et de découvrir la multiplication des fermetures temporaires des services d’urgences faute de personnel pour se convaincre de l’inverse.
Sans faire une liste exhaustive, ce phénomène touche l’ensemble du territoire. C’est le cas par exemple des urgences de Langon en Gironde, fermées le week-end dernier la nuit pour la troisième de l’année, à Saint-Calais en Sarthe qui a annoncé trois fermetures ce mois de juin, à Ambert dans le [Puy-de-Dôme- https://www.lamontagne.fr/ambert-63600/actualites/le-service-des-urgences-de-l-hopital-d-ambert-contraint-de-fermer-une-nouvelle-fois-ce-week-end_14315809/], ainsi que pour l’ensemble des accueils des services d’urgences de Dordogne, fermés la nuit pour les quatre mois à venir.

Une situation qui montre la réalité derrière la promesse hypocrite d’Emmanuel Macron de désengorger les urgences d’ici à la fin 2024 le 17 avril dernier. En Gironde, la perspective de l’été inquiète face « à des établissements de santé au bord du gouffre », selon les propos rapportés par Actu Bordeaux. Un infirmier ne peut que déplorer la situation alors que « près de 400 lits fermés faute de personnel au CHU de Bordeaux », « une centaine au CHU de Libourne », « et les urgences se retrouvent à devoir fermer pour réguler les arrivées ».

Plus largement, selon la dernière mise à jour de l’enquête du syndicat national des médecins remplaçants (SNMRH) datant du 24 avril 2023, à cette même date, 214 structures de soins et plus de 365 services se trouvaient en grande difficulté, avaient fermé totalement ou partiellement, ou voyaient leurs activités significativement réduites. Une situation loin d’être nouvelle, qui touche l’ensemble des services hospitaliers et a des conséquences dramatiques sur les patients qui ne cessent d’être maltraités. Une situation impactant également les soignants, à l’image du tragique décès d’une infirmière au CHU de Reims, agressée au couteau par un patient dans un service psychiatrique.

Les revendications des soignants doivent être portées par l’ensemble du mouvement ouvrier

Face à la maltraitance des patients, aux souffrances des soignants et aux fermetures se services, les revendications mises en avant pour le front syndical fédéral pour la journée de 20 juin sont légitimes et représentent une urgence pour faire face à la crise hospitalière. Elles ne sont pour autant pas nouvelles, comme en témoignent les multiples mobilisations nationales qui ont émergé depuis 2019 et avant, l’urgence de la situation et la colère ne sont plus à démontrer.

Cependant, alors que se clôt la bataille des retraites, force est de constater que le secteur de la santé a été très en retrait du mouvement historique contre ce projet mortifère. Objectivement, le manque de personnel chronique, et le recours systématique et abusif aux assignations par les ARS et les directions hospitalières, sont des obstacles énormes pour que la mobilisation ne soit pas que symbolique. Une impasse qui a conduit à la démobilisation et la démoralisation du personnel hospitalier mobilisé, que les stratégies déployées par les directions syndicales de la santé ces dernières années ont été incapables de contrecarrer.

Pourtant, la mobilisation impressionnante des habitants de Feurs (Loire) fin avril qui ont organisé une manifestation ayant réuni plus de 2 000 personnes (pour une ville qui compte 8 000 habitants) contre la fermeture des fermetures d’urgences, est une démonstration de la possibilité d’un mouvement unifiant le personnel hospitalier avec la population et l’ensemble des travailleurs. De même, ce samedi, ce sont 3000 personnes qui ont manifesté contre la fermeture de la maternité de l’hôpital de Guingamp.

Alors qu’entre journées isolées de moins en moins préparées et remplies, et grèves sectorielles divisant le secteur de la santé, l’échec des stratégies pour arracher des améliorations de conditions de travail ont contribué au découragement, il faut discuter d’un plan de bataille. Pour cela, et pour que la journée du 20 juin ait un sens, elle doit permettre d’aborder ces bilans dans la santé, le bilan de la bataille des retraites, et enser les conditions d’un mouvement d’ensemble. Alors qu’une nouvelle vague de grève pour les salaires est en cours dans le privé comme dans le public, les conditions d’un mouvement large sur les salaires, les retraites, contre les offensives de Macron, mais aussi pour les revendications des soignants sur les moyens dans la santé, sont posées. Mais pour se doter de cette perspective à l’échelle nationale, il faudra l’imposer aux directions syndicales.


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