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Argentine. Milei accélère son offensive et déclenche la première grève nationale depuis plus de 4 ans

Ce mercredi, Milei annonçait une nouvelle offensive avec un projet de loi visant à renforcer considérablement le pouvoir exécutif. Des attaques qui ont obligé la CGT à appeler à une première journée de grève nationale le 24 janvier prochain.

Julien Anchaing

28 décembre 2023

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Argentine. Milei accélère son offensive et déclenche la première grève nationale depuis plus de 4 ans

Ce mercredi, Javier Milei a annoncé une nouvelle étape dans son projet de guerre contre les travailleurs, les classes populaires et la jeunesse argentine. Après le plan économique du ministre Luis Caputo, le « protocole de sécurité » anti-manifestations de Patricia Bullrich et le Décret de Nécessité et d’Urgence porteur de nombreuses attaques, le président argentin présentait en effet avant-hier une « loi omnibus ».

Derrière ce terme, se cache un texte en 664 articles touchant de nombreuses thématiques. Le principal objectif est de renforcer considérablement les pouvoirs de l’exécutif, en décrétant une situation d’« urgence nationale » en matière de sécurité, d’économie, de retraites, de finance, de fiscalité, de social, de défense, de santé et d’énergie jusqu’à décembre 2025. Celle-ci justifierait des « délégations législatives au pouvoir exécutif national », permettant à Milei de passer outre le Parlement et le Sénat, où son parti occupe respectivement moins de 15% et moins de 10% des sièges.

La loi omnibus contient également des articles portant sur la validation du fameux DNU, la possibilité de s’endetter auprès d’organismes extérieurs sans passer par le Congrès, des déréglementations sur le terrain environnemental, mais aussi des attaques majeures contre le droit de manifester. Dans une forme d’hommage cynique à la dictature militaire de Ongania (1966 à 1970), la loi omnibus pourrait aussi permettre l’interdiction de toute concentration de « 3 ou plus de personnes » sur l’espace publique avec potentielle condamnation à une peine de prison.

Des attaques d’une gravité extrême, dénoncées sur les réseaux sociaux par la députée d’extrême-gauche Myriam Bregman expliquant « Celui qui a écrit la loi omnibus a fait un travail impressionnant, il a réuni toutes les revendications des classes dominantes depuis 1955 et les a mis dans un projet de loi » mais aussi « celui qui vote pour ça, vote pour la dictature. » Face à la profonde crise organique du régime argentin, le gouvernement le plus faible du pays depuis le rétablissement de la démocratie en 1983 cherche à combler ses limites institutionnelles par une grande offensive bonapartiste.

Contre le plan autoritaire et austéritaire du gouvernement, une première grève nationale ce 24 janvier

Si elles étaient mises en œuvre, les réformes de Milei pourraient ainsi provoquer un changement de régime radical dans le pays, renforçant les aspects les plus autoritaires du régime pour tenter d’imposer par la force ses réponses anti-ouvrières à la crise. Mais pour cela, ces mesures pourraient devoir passer l’épreuve de la lutte des classes. Les attaques massives et incessantes du gouvernement Milei pourraient en effet finir par réveiller les rues argentines, qui sont déjà entrées en résistance depuis plus d’une semaine.

Mercredi dernier, l’extrême-gauche et les organisations de chômeurs avaient fait obstacle au protocole de Bullrich dans la rue, en rompant les cordons policiers par la mobilisation. Le soir même, et face aux attaques massives du décret (DNU) de Milei, les rues autour du Congrès et de nombreuses provinces du pays étaient inondées par des casserolades massives. Ce mercredi, les directions syndicales ont même dû aller jusqu’à appeler à la mobilisation contre leur gré, face à la pression importante de la base. Si celle-ci s’est limitée à un rassemblement statique de pression sur le pouvoir judiciaire, l’affluence a dépassé les attentes, réunissant des dizaines de milliers de personnes à Buenos Aires.

Avec la loi omnibus, la CGT, principale centrale syndicale argentine, a finalement été contrainte à appeler ce jeudi à une grève nationale le 24 janvier. Une première depuis mai 2019, qui débutera à midi, avec une mobilisation vers le Congrès national, dans le centre de Buenos Aires. Cette journée pourrait coïncider avec l’examen au Congrès du méga-décret (DNU) qui pourrait encore être rejeté si les deux chambres législatives venaient à le refuser. Dans ce cadre, Le Front de gauche – Unité (FIT-U), qui réunit la majeure partie des organisations d’extrême-gauche argentines, et les courants syndicaux combatifs appellent à préparer ce jour-là une mobilisation massive, en organisant des assemblées et en se préparant dans chaque lieu de travail et dans chaque quartier ouvrier et populaire.

Dans un article, La Izquierda Diario, journal du PTS argentin, explique ainsi : « L’appel de la CGT arrive après les actions [du 20 décembre] et doit s’inscrire dans un plan de bataille qui continue jusqu’au retrait de l’ensemble du plan d’attaques impulsé par le pouvoir exécutifs aux côtés des grands patrons organisés dans l’AEA [MEDEF argentin, NdT]. » Une chose est en effet sûre, c’est sur le terrain de la lutte des classes, et par les méthodes du mouvement ouvrier, qu’il sera possible de faire reculer l’extrême-droite et d’imposer une autre perspective face à la crise.


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