Comme le rappelle le communiqué des Goodyear : « Pour la premie`re fois depuis un demi sie`cle, un gouvernement a demande´ que soient requises des peines de prison ferme contre des syndicalistes ». Pour avoir retenu deux de leurs patrons pendant trente heures, sans aucune violence, et alors que les « séquestrés » ont retiré leurs plaintes, huit syndicalistes ont été condamnés à de la prison ferme. Cette condamnation s’inscrit pleinement dans le tournant répressif engagé par le gouvernement depuis de longs mois, et que l’état d’urgence est venu renforcer avec son lot de lois liberticides, les interdictions de manifestations, le flicage, l’assignation à résidence et les poursuites contre les syndicalistes et les militants. Une manœuvre politique de l’État qui vise, à travers cette répression sans précédent, à faire taire tout mouvement de résistance ouvrière.

Que sont 30 heures de séquestration face à 1450 suppressions d’emplois, soit autant de familles privées d’un salaire ? Face à cette condamnation scandaleuse, d’une justice de classe qui n’a que faire des licenciements et des vies broyées des ouvriers face aux patrons et aux profits réalisés, la riposte est à construire. C’est dans ce but que s’est créé, à Saint-Ouen, un comité de soutien local, avec pour premiers signataires l’Union locale CGT, le PCF, le NPA, la JC, Ensemble, la Voie prole´tarienne, le PG, le Front de gauche, le syndicat enseignant SNUIPP et ATTAC.

Après avoir participé au rassemblement du jeudi 4 février à Paris, le comité était sur le marché ce dimanche 7 février, afin d’interpeller directement les Audoniens avec le communiqué d’appel des Goodyear et la pétition à signer. Et les Audoniens étaient au rendez-vous ! Au final, ce sont près de 600 tracts qui ont été distribués et très bien accueillis. « C’est inadmissible, c’est sûr, je vais signer », assure une passante en se dirigeant vers la table, sur laquelle une autre est penchée, signant tout en expliquant à sa fille ce qu’elle fait. Une autre n’est pas d’accord avec le fait de séquestrer son patron, « mais c’est vrai que c’est pas grand-chose, pour garder son travail, avec une famille à nourrir. Je vais signer. ». « J’ai entendu Wamen à la télé, il a très bien parlé, il a complètement raison, je le soutiens ! », raconte enthousiaste un troisième. Un retraité de La Poste, croisé à l’occasion, explique qu’il a subi toute sa vie les restructurations imposant des conditions de travail toujours plus dures, et qu’aujourd’hui, avec à peine 800 € de retraite, c’est dur, qu’il faut être solidaire de ceux qui luttent.

Au fil des discussions, la colère s’exprime contre l’austérité imposée, et la solidarité est forte, certains demandant même les dates des prochains rassemblements, dans une ville où l’usine PSA, figure historique, est elle aussi menacée de fermeture. Et malgré les bras chargés de provisions, les poussettes et la foule, 120 personnes ont pris le temps de signer la pétition, et bien plus se sont arrêtées pour discuter, promettant de signer sur internet en rentrant chez eux. Un premier contact prometteur pour espérer grossir les rangs de ceux qui seront de nouveau dans la rue le jour de la convocation au tribunal des 8 condamnés. En attendant, le comité de Saint-Ouen sera représenté le 16 février à la Bourse du travail de Paris pour la première réunion des comités de soutien aux Goodyear, afin de coordonner les actions et pourquoi pas les lier à la lutte plus large contre l’état d’urgence.

Pour plus d’information sur le comité de soutien de Saint-Ouen aux 8 de Goodyear, pour suivre ses activités et le rejoindre :