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Répression syndicale

Dassault Aviation. Un militant CGT harcelé et menacé de licenciement pour la deuxième fois

Le 11 mars 2024, la direction de Dassault Aviation a lancé une nouvelle procédure de licenciement visant le syndicaliste CGT Emmanuel Dumoulin. Une nouvelle attaque qui fait suite à des années de harcèlement à son encontre et s’inscrit dans un contexte de forte répression à l’échelle nationale.

Lino Lussu

12 avril

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Dassault Aviation. Un militant CGT harcelé et menacé de licenciement pour la deuxième fois

Crédits photo : Wikimedia Commons, Ronnie macDonald, CC BY 2.0 Deed

Depuis le 11 mars 2024, Emmanuel Dumoulin, ingénieur délégué syndical CGT Dassault Aviation à Argenteuil (Val d’Oise), subit une tentative de licenciement pour « inaptitude ». C’est la deuxième procédure de ce type auquel il doit faire face depuis novembre 2023. S’il a bien été déclaré inapte à exercer un poste chez Dassault Aviation par la médecine du travail, cette incapacité est dû au harcèlement qu’il subit depuis plus de 10 ans de la part de sa direction. Le militant syndical nous explique : « après quelques années, j’ai constaté les conditions de travail déplorables et la communication méprisante de la direction. Pas d’accès internet, pas de chauffage l’hiver et 40 degrés l’été, j’ai trouvé que pour une boîte avec 15 milliards sur son compte en banque, c’était limite de faire travailler ses salariés dans ces conditions. Donc je me suis syndiqué, et c’est là que tout a commencé ».

La suite, on peut la lire dans le rapport de l’Inspection du Travail, qui a mené une enquête pour répondre à la première tentative de licenciement de novembre 2023. Les conclusions sont explicites : ce sont bien les agissements de l’employeur qui ont accéléré la dégradation des conditions de travail d’Emmanuel Dumoulin, altérant ainsi sa santé physique et mentale.

Ces « agissements » de l’employeur, le syndicaliste en dresse une liste impressionnante : « ils m’ont mis au placard, j’ai été mis sur un poste à déballer des cartons et faire des photocopies. Il y aussi eu des sanctions et des retenues sur salaire injustifiées. C’est devenu intenable, j’ai eu des périodes où ça n’allait vraiment vraiment pas ». Épuisé par la répression, Emmanuel Dumoulin a finalement été déclaré inapte. Une aubaine pour la direction de Dassault qui tente désormais d’utiliser ce motif pour licencier le salarié qui refuse de baisser la tête et qui persiste à porter un syndicalisme combatif.

Aussi violente qu’elle puisse paraître, l’histoire d’Emmanuel Dumoulin est loin d’être un cas isolé. En effet, si la répression syndicale a toujours existé, elle est aujourd’hui d’une intensité jamais vue depuis l’après-guerre selon la secrétaire générale de la CGT. Cette offensive représente le contre-coup du mouvement de la réforme des retraites qui avait mobilisé un nombre très important de grévistes. Elle va également de pair avec le cycle de réformes anti-sociales entamé par le gouvernement, qui compte prochainement s’attaquer au chômage, questionnant aussi le droit de grève tout en passant par des attaques à la fonction publique amenées encore récemment par le discours sur le « tabou » du licenciement des fonctionnaires.

Ainsi, des centaines de représentants syndicaux font l’objet de procédures juridiques et d’attaques multiples. Par exemple, c’est plus de 1000 militants CGT qui ont subi des poursuites judiciaires pour leur engagement durant la réforme des retraites de l’année dernière. De la même manière, une répression féroce s’abat sur les syndicalistes qui expriment le moindre signe de soutien au peuple palestinien. C’est le cas du secrétaire de l’UL CGT 59 Jean-Paul Delescaut, contre qui 1 an de prison avec sursis ont été requis par le tribunal de Lille pour un tract, mais aussi de plusieurs militants RP comme Anasse Kazib, militant Sud-Rail, ou encore Gaétan Gracia, militant CGT dans la sous traitance aéronautique, tous deux convoqués au commissariat pour « apologie du terrorisme ».

Face à ces attaques d’une ampleur nationale, lutter de manière isolée est une stratégie qui peut vite montrer ses limites dans l’instauration d’un rapport de force capable d’obtenir des victoires. C’est en ce sens que la CGT Val d’Oise organise le 7 mai au tribunal de Pontoise une conférence de presse. À l’occasion de la convocation au tribunal de Siham Touazi, militante CGT victime d’une procédure-bâillon, « l’idée est de profiter de l’événement pour faire l’état des lieux de l’ensemble des cas de répressions syndicales que l’on a pu recenser sur le département » précise Emmanuel Dumoulin.

Dans cette perspective, le syndicaliste a également participé à la première rencontre nationale contre la répression, appelée par plus d’une dizaine de syndicats et qui s’est tenue ce dimanche 7 avril. L’événement vise à développer une coordination capable de dépasser le morcellement des luttes contre la répression en allant au-delà des étiquettes syndicales, une initiative à saluer alors que le gouvernement et le patronat ont tout intérêt à ce que nos luttes demeurent isolées !


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