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Grève des cheminots du Bourget : « On refuse les miettes de la direction, on reste déterminés ! »

Mardi les cheminots du triage du Bourget étaient massivement en grève pour les salaires. Des travailleurs d'autres secteurs de la SNCF et d'autres entreprises leur ont apporté du soutien en AG. L'occasion de renforcer le moral des grévistes, de discuter et décider sur les suites du mouvement et de commencer à construire des ponts pour les prochaines batailles, notamment contre la réforme des retraites.

11 janvier 2023

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Crédit photo : Arthur Nicola

« Cela fait 20 ans que je suis là, ce sont les plus hauts taux de grève que j’ai jamais vu », raconte Caroline, cheminote depuis vingt ans du Bourget en Seine-Saint-Denis. Et pour cause, en grève depuis le 21 novembre, les aiguilleurs du rail de cette gare de triage de région parisienne avaient décidé de faire de ce mardi 10 janvier une « journée noire » en se mettant massivement en grève, avec un taux de gréviste de 93%. Une grève qui s’inscrit dans la durée, rendue possible « grâce à une grande solidarité collective » explique Laura, elle aussi cheminote sur le site et militante Sud-Rail.

Au programme, une assemblée générale qui a été l’occasion pour les grévistes de rappeler les raisons de la colère, en particulier les conséquences du travail sur leur santé et de l’absence de reconnaissance. « Hypertension, apnée du sommeil, diabète : avant, les collègues étaient déclarés inaptes 2 ou 3 ans avant la retraite. Maintenant, la plupart sont déclarés inaptes à 50 ans. Cela arrive beaucoup plus tôt » rapporte ainsi Anasse, aiguilleur également militant Sud-Rail.

Sur les revendications concernant la rémunération et les salaires, « Il faut une indemnité pérenne, parce que notre travail réclame beaucoup de responsabilités et présente beaucoup de risque : si on fait une erreur, il peut y avoir des accidents ou des déraillements avec de graves conséquences. Et on est payé comme de la merde » explique encore Anasse. Un sentiment partagé par l’ensemble des grévistes, qui réclament une indemnité de quinze euros par jour de travail, ainsi qu’une prime « pouvoir d’achat » de 2.000 euros.

Mais pour l’instant, la direction de la SNCF refuse de satisfaire ces revendications. Lors d’une réunion de négociation le 4 janvier dernier, cette dernière n’a proposé qu’une prime de maximum 400 euros ainsi qu’une série de primes aux montants variables mais qui restent exceptionnelles et non-pérennes. Quant à la création de nouveaux postes, la direction n’a proposé de créer qu’un seul poste supplémentaire, loin de satisfaire aux besoins.

Qu’à cela ne tienne : « Il nous reste une caisse de grève conséquente depuis la bataille contre la réforme des retraites de 2019, donc on est capable de tenir plusieurs mois » lâche Anasse. Caroline, elle, dénonce « le mépris » de la direction et explique être consciente qu’« il faudra aller arracher nos revendications. Face à la détermination des grévistes, la SNCF joue la carte de la division et cherche à limiter les effets de la grève en envoyant des cadres occuper les postes d’aiguillage. « Il ne faut pas les laisser s’organiser, à nous de durcir les modalités de la grève », insiste Laura.

D’ailleurs, grâce aux efforts des grévistes pour s’adresser à l’ensemble des cheminots, la grève s’est d’ores et déjà étendue à d’autres secteurs de la gare de triage. En effet, des cheminots de Fret SNCF étaient également présents à l’assemblée générale et en grève sur des revendications qui leurs sont propres mais tout de même inspiré largement des revendications des aiguilleurs en grève. Ils seront en grève « du lundi 9 au vendredi 13 janvier » et se préparent pour durcir le mouvement si leurs revendications ne sont pas entendues.

En outre, de nombreux soutiens étaient également présents : des conducteurs de trains et des agents caténaires de la SNCF spécialement en grève pour cette journée, mais aussi des travailleurs d’autres secteurs, à l’instar d’Ahmed Berrahal, militant à la CGT RATP, ou encore des travailleurs de l’aéroport de Roissy – Charles de Gaulle et des manutentionnaires de Geodis, l’entreprise de logistique filiale de la SNCF. « Les revendications des grévistes sont plus que légitime. 300 euros par mois en plus, c’est un plein d’essence et un caddie. Ce n’est pas seulement une grève pour les salaires, c’est pour la dignité », lance Nordine, salarié de Transdev AéroPiste et militant CGT et à l’Union Locale de Roissy.

Enfin, cette journée était finalement marquée par la nécessité de se lier la lutte pour les salaires avec celle contre la réforme des retraites que le gouvernement vient de présenter. « Soyons honnêtes, non seulement on est mal payés, mais surtout notre espérance de vie ce n’est pas 80 ans, mais plutôt 65 ou 66 ans », dénonce Xavier, conducteur de train à Paris-Nord et militant Sud-Rail. Face à ces attaques, la colère ne manque pas, mais ce qu’il faut c’est un véritable plan de bataille afin de construire le rapport de force à la hauteur pour faire reculer le gouvernement, pour le retrait de sa contre-réforme des retraites et l’augmentation générale des salaires.


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