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Bataille des retraites

L’AG des luttes de Brest : bilan d’un espace d’auto-organisation dans la bataille des retraites

L'AG des luttes de Brest (AGLB), qui a réuni jusqu'à 450 participants, a marqué un saut dans l'auto-organisation du mouvement social à Brest, particulièrement contre la réforme des retraites, dès janvier 2023. Nous voulons ici contribuer à un nécessaire débat sur les bilans du mouvement dans la ville, afin de préparer les combats qui viennent.

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L'AG des luttes de Brest : bilan d'un espace d'auto-organisation dans la bataille des retraites

Le contexte brestois avant l’AG des luttes

Depuis des années, le milieu militant brestois d’extrême gauche restait dans une forme d’entre-soi et peinait à s’élargir. Si une partie de ses militants a certes participé activement au mouvement des Gilets Jaunes, beaucoup sont passés à côté et restés coupés de ces milieux populaires avec qui le contact n’est que peu passé, les identifiant parfois à ses éléments réactionnaires. Lors du premier mouvement contre la réforme des retraites en 2019-2020, tout ce qui se construisit en auto-organisation ne dépassa jamais le stade d’un agrégat de différentes tendances d’extrême gauche, d’esprit libertaire et autonome principalement. Avec là encore, une tendance à se replier sur une minorité, peinant à visibiliser les actions de blocage par manque de communication et à s’étendre au mouvement ouvrier et à des secteurs moins politisés.

Structuration de l’AG des luttes (du 18 octobre 2022 au 19 janvier 2023)

La création de l’AG des luttes de Brest le 18 octobre 2022 lors d’une assemblée générale à la Faculté Victor Segalen, après une manifestation à l’appel de l’intersyndicale pour des augmentations de salaire et pour défendre le droit de grève, y remédia partiellement. Ceci, lors de la seconde vague de grèves pour l’augmentation des salaires entre juillet et décembre 2022 dans un contexte d’inflation où les raffineurs avaient été en avant-garde jusqu’à ce que l’État les réquisitionne. Cette première AG réunissait donc plus largement « étudiants, lycéens, salariés, précaires, syndiqués ou non », de toutes tendances politiques de gauche et syndicales, avec également plus de travailleurs et de syndicalistes. Ce qui marquait un saut à Brest dans cette volonté de travail collectif. À cette première AG furent votés une action de Restaurant Universitaire gratuit et la date de la prochaine AG qui se déroula le 20/10/2022.

Crédit photo : Ambredav

L’AG des luttes de Brest se développa avec l’écriture de textes communs (où la question du rapport au travail était très présente), un militantisme actif avec des collages, notamment en manifestation, marquant le début d’une montée en radicalité dans la ville... Dans cette même période, le 22 octobre, avait lieu la première action pour les transports gratuits, à l’initiative du milieu militant brestois préexistant à l’AG des luttes. Cette dernière comprenait à son origine beaucoup de primo-militants et d’étudiants, au point que la presse locale l’identifiait généralement à des « étudiants », comme elle le fit le 10 novembre à propos des 2 gardes à vue après une manifestation pour des augmentations de salaires, suite au prolongement du cortège par quelques militants de l’AGLB. S’en suivra une solidarité syndicale envers les personnes interpellées. Cette date confirme la montée en intensité de la répression policière à Brest, comme le 31 décembre 2022 où 3 interpellations eurent lieu suite au traditionnel cortège pour aller soutenir les prisonniers à la prison de l’Hermitage.

L’AG des luttes s’est pérennisée en se structurant progressivement malgré la rareté des assemblées générales durant l’automne 2022. Elle créa ainsi ses propres réseaux sociaux afin d’appeler à ses rendez-vous, mais aussi pour en parler après coup, diffuser les textes écrits, pour ne pas laisser la presse locale raconter exclusivement son activité militante... Quelques jeunes y firent leur apprentissage militant accélérant leur politisation, jusqu’à devenir des éléments moteurs de l’auto-organisation, acquérant au fur et à mesure une capacité à organiser les autres.

Au commencement du mouvement contre la réforme des retraites : des manifestations massives et routinières (du 19 janvier au 7 février 2023)

Les cadres avaient donc été posés pour préparer la « bataille des retraites », comme le 4 janvier avec l’AG intitulée : « contre la réforme des retraites, préparons-nous ». S’en suivit un collage et tractage pour appeler à se mobiliser contre elle. Les militants de l’AG des luttes furent très présents dans les manifestions dès le 19 janvier 2023. Durant cette période, se multiplièrent des AG mais il n’y eut alors que 3 actions de blocage. Les manifestations étaient massives, historiques à Brest et dans des villes moyennes du département comme Morlaix.

Le 25 janvier eut lieu à la Fac Segalen une AG étudiante à l’appel de l’Union Pirate qui peina à attirer du monde du fait d’un manque de communication et de savoir-faire pour mobiliser, même si des jeunes/étudiants de l’AGLB y furent bien présents. Les militants de l’UP y défendirent de suivre les grandes dates nationales à l’appel d’organisations de jeunesse - négligeant l’auto-organisation du mouvement étudiant localement - mais aussi de se concentrer sur une seule revendication, contre la réforme des retraites, à l’exclusion de toutes les autres et notamment celles concernant les étudiants.

Crédit photo : Ambredav

Le « moment » étudiant : massification de l’AG des luttes (du 7 février au 7 mars)

Le mardi 7 février, une AG était prévue à la Fac Segalen à l’appel de l’AG des luttes, après la manifestation du matin. Mais les lycéens de l’Iroise et de Dupuy De Lôme amorcèrent le blocage de la fac dès que les membres du cortège prolongé furent arrivés sur le parvis. Finalement une AG eut lieu dans un amphi de l’université. Y fut voté l’occupation complète, jour et nuit, de la fac Segalen par les étudiants et leurs soutiens. Des membres actifs de l’AG des luttes s’étaient préparés les journées précédentes pour structurer cette AG, mais ont cédé la place à la spontanéité de la situation, aux étudiants pour qu’ils la prennent en main.

Cette entrée en scène des étudiants changea qualitativement la composition et capacité d’action de l’AGLB. De nombreuses commissions se mirent alors en place : action, communication etc. L’auto-organisation fut très rapide et de nombreux étudiants se « révélèrent à eux-mêmes », progressant très rapidement, ne serait-ce que pour oser prendre la parole en public. Tout ce que l’AG des luttes avait fait sans avoir la masse critique s’avéra « payant ». Car ses outils, notamment ses réseaux sociaux, servirent clef en main pour les étudiants qui se les « approprièrent » dès la première nuit d’occupation de la fac, pour communiquer vers l’extérieur. Ses moyens techniques ont également servi (maquettage, graphisme) ainsi que d’impression.

Le blocage fut voté jusqu’au samedi 11/02. Les cours furent banalisés dès le 7 février, puis la fermeture administrative annoncée le lendemain. Pascal Olivard, le Président de l’Université de Bretagne Occidentale envoya la police (une dizaine de camions) déloger les occupants le vendredi 10 février, un peu avant 7h du matin. Il prétendit qu’il avait agi ainsi afin d’assurer la sécurité, car il y avait une manifestation le samedi 11/02 qui aurait pu se rendre fac Segalen... Ceci fut interprété par les étudiants et leurs soutiens comme une volonté politique de stopper l’extension du mouvement étudiant selon la volonté de Macron.

Le samedi 11 février, se tint une manifestation largement investie par l’AG des luttes, par les étudiants, avec une énergie et une radicalité accentués par l’évacuation récente de l’occupation de la fac : le cortège fut plus « animé » que jamais, avec une ambiance survoltée... Après la manifestation, une AG à l’appel de l’AGLB était prévue Fac Segalen. Mais la police arriva sur le parvis de la fac et gaza à bout portant, frappa un camarade, en embarqua un autre. Ce fut la première interpellation lors du mouvement contre la réforme des retraites à Brest. Entre temps, des membres de l’AGLB réussissaient à ramener une partie du cortège moins habituée aux AG fac Segalen, notamment des syndicalistes. Un cortège composé également de quelques syndicalistes et membres de LFI se forma ensuite pour aller devant le commissariat Colbert pour réclamer la libération du camarade.

Face à la répression, les étudiants, membres de l’AGLB, décidèrent de prendre la tête de cortège ce qui créa quelques frictions avec l’intersyndicale locale, dont un soutien plus franc face à la répression était attendu.

Crédit photo : Ambredav

Le 16 février, l’AG des luttes organisa un envahissement du Conseil d’Administration de l’UBO et obtint satisfaction de ses revendications, accentuant le rapport de force en sa faveur et celle du mouvement étudiant. Furent ainsi satisfaites des revendications visant à faciliter la communication destinée aux étudiants et l’organisation et la massification du mouvement :

  •  mettre à disposition les moyens de reprographie
  •  permettre l’accès aux listes de diffusion étudiantes à compter du lundi 27/02/2023

    Une salle sera même attribuée par D. Jousset, le doyen de la Fac Segalen sans qu’il n’y ait eu de demande des militants.

    Le 27 février, fut décidé en Assemblée Générale de signer désormais les communiqués « AG des luttes de Brest » et non plus « AG Fac Segalen » comme pendant et après l’occupation de la fac. Si cette étape est le signe d’une profonde volonté de convergence de la part des étudiants, qui consituaient le gros du contingent de l’AGLB et en étaient le seul « secteur » mobilisé, cela s’est malheureusement fait au prix de l’abandon progressif des revendications étudiantes, qui étaient pourtant nécessaires à l’élargissement du mouvement à la fac, qui est resté cantonné à un noyau de quelques centaines d’étudiants.

    Le 6 mars lors de la rentrée étudiante eut lieu tout de même une AG en fac de Sciences en vue de massifier/étendre le mouvement étudiant à d’autres UFR que celle de Lettres.

    Élargissement de l’AG des luttes par des actions de « blocage économique » (du 7 au 16 mars)

    Ainsi, dès le 7 mars, des étudiants de la fac de sciences rejoignirent le premier blocage économique à l’appel de l’AGLB (pont de l’Harteloire), suivant par là le calendrier national. Quelques secteurs partirent en grève reconductible.

    Le 8 mars la répression du mouvement s’accentua avec 5 interpellations suite à une action contre la précarité menstruelle dans le cadre de la journée internationale pour le droit des femmes.

    Le 15 mars : le rapprochement se fit avec des syndicalistes de FO lors d’une action commune du blocage du rond point des Foulques à l’entrée du port de Brest, pendant que les dockers (CGT) bloquaient le port de commerce.

    Crédit photo : Ambredav

    Adoption du 49.3 : montée en radicalité, multiplication des manifestations sauvages et actions de blocage (du 16 au 28 mars)

    À la suite de l’adoption du 49.3 le jeudi 16 mars, une manifestation sauvage spontanée et regroupant largement eut lieu à Brest comme partout en France. Les blocages économiques s’intensifièrent avec un blocage à deux entrées de la ville le lendemain (une interpellation), suivant l’« opération ville morte » initiée à Rennes.

    Le 20 mars, une « AG de grève et mobilisation des étudiant.e.s et personnels UBO » eut lieu en fac de Sciences. Un peu moins d’une centaine de personnes y assista, puis les AG du même type seront de moins en moins suivies. Ces AG uniquement universitaires ne se développeront pas. Pas plus la tentative d’en installer une en UFR de Lettres. Cette faiblesse de la structuration du mouvement étudiant à sa base, dans les départements, UFR et par des assemblées générales et comités de mobilisation de facs, constitue une contradiction du mouvement à échelle nationale, qui contraste avec le grand nombre de jeunes qui ont suivi les manifestations appelées par l’intersyndicale.

    Cette période initiée les 6 et 7 mars fut intense avec un blocage par jour du 20 au 24 mars à l’appel de l’AG des luttes, dont le premier fut un appel à rejoindre le premier blocage du centre de déchetterie/incinération du Spernot à l’initiative de l’Union Locale FO et en particulier de FO Collectivités Territoriales. Ceci, « jusqu’au retrait du 49.3 ! ». Ce blocage du Spernot durera toute la semaine et la semaine suivante. Il sera un lieu de rencontre de militants de toutes tendances politiques et syndicales, non syndiqués, militants de l’AG des luttes etc.

    Durant cette séquence, un consensus implicite se fit dans l’action, ce qui dans l’AG des luttes de Brest atténua des divergences politiques et favorisa le lien avec les militants de la base syndicale lors d’actions de blocage mais aussi lors des nombreuses assemblées générales de l’AGLB. Mais ce refuge dans l’action fit également baisser la politisation de ces AG, en particulier du fait d’une focalisation accrue sur la technique de déplacement en manifestation et la formation d’un cortège de tête, l’organisation de « seconds tours » afin de prolonger les cortèges syndicaux et d’en rompre la routine, l’esthétique émeutière, la tactique plus que la stratégie, soit le rapport et la confrontation avec la police et une logique de vengeance et de focalisation sur la répression depuis le 25 mars et la répression sanglante à Sainte-Soline.

    A contrario fut délaissée une stratégie souvent évoquée d’élargir le mouvement dans les facs par un militantisme actif et le développement de revendications plus spécifiquement étudiantes envers les étudiants des UFR peu mobilisés, par des tracts et affiches. De même, la liaison avec le monde du travail et le soutien aux grèves fut mise de côté, malgré la volonté régulièrement affichée d’une mobilisation pour que des syndicalistes, travailleurs et la population hors du milieu étudiant et militant rejoignent l’AG des luttes, ses assemblées et les actions qu’elle proposait. La jeunesse n’a pu véritablement rejoindre les travailleurs pour les soutenir dans la grève, peu développée. Les points de contact se faisant plutôt lors des blocages de rond-points et axes routiers comme le 24 mars, lors du blocage du rond-point de Kervao avec FO amenant 2 interpellations.

    En concomitance, les manifestations sauvages et la répression s’intensifièrent : 3 interpellations le 20 mars après une manifestation sauvage suite à un rassemblement à l’appel de l’intersyndicale, avec l’apparition des premiers gaz lacrymogène lors du « mouvement retraites » à Brest. Le lendemain eut lieu une manifestation sauvage devant la CCI (vidéo et photos). Le 23 mars après une manifestation à l’appel de l’intersyndicale il y eut de nouveau une manifestation sauvage : 4 interpellations.

    Le 28 mars marque l’apogée des opérations de blocage par leur efficacité et leur ampleur, avec de nouveau une « opération ville morte » en 3 points de blocage aux entrées de la ville.

    Durant cette période de montée en intensité du rapport de force, du 7 mars au pic du 28 mars, l’intersyndicale de Brest se positionna en extériorité vis à vis des AG de l’AG des luttes de Brest, sans s’y investir et une véritable coordination entre les deux ne se fit pas. Elle organisait des pique-niques en fin de manifestation évitant les lieux de pouvoir, créant un point de fixation et d’apaisement quand l’ambiance était à partir en manif sauvage, à la radicalité (avec une entrée en masse de la jeunesse dans le mouvement, de primo-manifestants). Et comme nationalement, elle n’a pas véritablement cherché à construire la grève reconductible ainsi que des AG à la base et des AG interprofessionnelles.

    Les raisons d’un lent reflux

    Le 1er avril, l’intersyndicale organisa un « blocage économique », mais quand le mouvement refluait déjà : dans la zone commerciale du Froutven, cible d’un blocage certes manqué (la police attendait au point de RDV) à l’appel de l’AG des luttes... le 22 mars !

    S’en suivit un lent déclin dû notamment à la baisse du nombre d’étudiants présents à l’AGLB, du fait du reflux national lié à la répression des secteurs en grève reconductibles et notamment à la réquisition des grévistes, qui se sont trouvés sans soutien de la part de l’intersyndicale nationale. À Brest, cette période coïncide avec un calendrier universitaire défavorable, soit un mois d’avril se partageant entre vacances universitaires et partiels. Les blocages économiques se firent alors plus sporadiques, avec un appel à de nouveau bloquer le Spernot le 30 mars et, le 6 avril, le blocage réussi de la place Albert 1er, lors d’une nouvelle « opération « ville morte » en coordination avec d’autre villes de l’Ouest de la France comme Rennes. Ceci, malgré la montée en structuration du mouvement lycéen à Brest, avec la première AG inter-lycées du mouvement le 5 avril à la maison des syndicats.

    Le 14 avril, le Conseil constitutionnel valida la loi. Le lendemain commencèrent les premières « casserolades » contre le gouvernement. La critique des institutions anti-démocratiques de la Cinquième République gagnait du terrain. Mais cette phase de manifestations plus symboliques est aussi le symptôme des lacunes de l’intersyndicale qui n’a fait qu’appeler à des journées espacées de manifestations et grèves de 24h, sans incitation à la grève reconductible. Ce qui a isolé de fait les secteurs partis en grève reconductible.

    Elle n’a pas non plus cherché à élargir la grève pour capter les secteurs les plus précaires, sensibles à la question des salaires et qui auraient pu se mobiliser s’ils avaient senti que ça valait la peine de perdre des journées de salaire en se mettant en grève. Car une vague de grèves pour les salaires avait lieu pendant le mouvement des retraites et beaucoup de salariés de ces secteurs précaires, réforme des retraites ou pas, devaient déjà partir en retraite à 64 ans ou plus... À contrario elle aurait pu revendiquer une augmentation générale des salaires, leur indexation sur l’inflation, combinée à une revendication offensive de la retraite à 60 ans (55 ans pour les métiers pénibles), mais encore élargir le débat sur le travail en lien avec la question climatique. Elle n’a pas non plus incité à la « grève marchante », c’est à dire à ce que les secteurs en grève (reconductible) utilisent ce temps disponible pour rencontrer les travailleurs des secteurs les plus précaires pour tenter de les mettre en grève, en organisant notamment des caisses de grève. Pas plus qu’elle n’a poussé à la base pour des AG dans les entreprises et lieux d’études, encore moins à des AG interprofessionnelles.

    En résumé sa stratégie de pression sur le gouvernement a été défaillante, comme s’il suffisait de faire masse sur des journées de manifestation espacées, sans chercher à généraliser la grève, alors que les macronistes avaient prévenu que, peu importe le nombre de personnes dans la rue, ils passeraient leur réforme ! Mais pire encore, elle a calmé la radicalité à la base après l’annonce du 49.3 et le pic quantitatif et qualitatif du 23 mars (manifs massives, grèves reconductibles et manifs sauvages) – jusqu’à désavouer pour Berger la grève des éboueurs et celle pendant les épreuves du bac, désavouée aussi par Martinez, et en ne soutenant pas les secteurs réquisitionnés et manifestants réprimés. L’intersyndicale a refusé de politiser le mouvement et a cherché une porte de sortie institutionnelle, entretenant des illusions sur le régime. Après en avoir appelé au référendum, à l’interpellation du Conseil constitutionnel, elle finit par s’en remettre à la proposition de loi du groupe Liot qui devait avoir lieu le 8 juin à l’Assemblée Nationale et au « dialogue social » en répondant favorablement aux invitations de Borne à venir discuter à Matignon.

    La stratégie de l’intersyndicale, tant nationalement que localement, a donc largement participé du reflux du mouvement.

    Crédit photo : Ambredav

    Perspectives

    En résumé, l’AG des luttes a marqué une avancée dans l’auto-organisation à Brest et a été le réceptacle et le vecteur de la montée en radicalité, par une alliance du milieu militant préexistant et de l’entrée en scène de la jeunesse, notamment étudiante. Si ce sont les étudiants qui ont permis de donner plus de consistance à l’AGLB, le mouvement étudiant a eu tendance à se diluer dans une somme d’individus en lutte et a peiné à se constituer comme sujet, notamment autour de ses revendications propres, et à s’auto-organiser plus largement qu’un noyau de quelques centaines qui participaient aux AGLB.

    Cette dernière a rencontré des difficultés à s’élargir dans les lieux d’étude mais aussi envers le mouvement ouvrier, avec la base syndicale combative présente aux blocages du Spernot ainsi que dans la Coordination 29. La constitution d’un mouvement étudiant, de la jeunesse, avec ses revendications propres, n’est pas contradictoire avec la volonté de jonction avec le mouvement ouvrier. Au contraire, un mouvement étudiant fort aurait sans doute contribué à dépasser les préjugés entretenus par l’intersyndicale locale qui ont empêché que les travailleurs mobilisés s’emparent pleinement de l’AGLB, la voyant comme un regroupement d’activistes souvent déconnectés de leurs réalités.

    Malgré le reflux du mouvement contre la réforme des retraites, dont il convient de tirer quelques premiers bilans, une troisième vague de grèves pour les salaires continue à se développer, avec des grèves isolées un peu partout en France. Le secteur public de la santé est lui toujours en crise, particulièrement en Bretagne. Le 18 mars, une manifestation pour défendre la maternité de Carhaix avait rassemblé 5000 personnes. Le 17 juin ce sont 2000 à 3000 personnes qui manifestaient à Guingamp pour défendre l’hôpital et la maternité. Le 20 juin avait lieu partout en France une grève pour les salaires et de meilleures conditions de travail, pour plus de moyens pour l’hôpital public. Ces luttes très importantes, qui sont à l’image d’une situation qui reste largement ouverte, devraient commencer à se structurer à la base et à se coordonner.

    L’intersyndicale pourrait faire des grèves locales pour des hausses de salaires un mouvement national de grèves reconductibles exigeant leur indexation sur l’inflation, leur augmentation mais aussi le retrait de la « retraite à 64 ans » pour une retraite à 60 ans (55 ans pour les métiers pénibles) et la défense des services publics. Dans les Universités, nous devons aussi revendiquer un revenu étudiant financé par le patronat et l’arrêt immédiat de la réforme des lycées professionnels.

    Ces premiers bilans de l’expérience vécue à Brest dans le mouvement notamment au travers de l’AGLB doivent nous permettre de préparer les combats qui viennent, face à un gouvernement toujours plus illégitime et clairement radicalisé. C’est au service d’un tel débat entre militants brestois qui ont participé activement à la construction du mouvement que nous écrivons cette contribution.


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