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Edito. Ni report ni renégociation

Le 9 mars, imposons le retrait du projet El Khomri

Virage serré, embardées et marche-arrière. C’est ainsi que l’on pourrait décrire la séquence qui va du 17 février à hier matin. Après le report du projet de loi El Khomri qui ne sera pas examiné le 9 mars, c’est un recul total du gouvernement, maintenant, qu’il nous faut imposer à ce même gouvernement. Et c’est à portée de main. Jean-Patrick Clech

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François Hollande a exigé que l’examen du projet de Loi de sa ministre du Travail, initialement prévu pour le 9 mars, soit reporté de quinze jours. Une victoire ? Un premier recul en réalité, imposé au gouvernement, et qui exige néanmoins que la pression soit maintenue si on veut le faire reculer sur toute la ligne. Une démarche d’autant plus nécessaire que ce texte de loi serait absolument néfaste pour le monde du travail, la jeunesse et les classes populaires, tant dans sa version actuelle que dans sa version « amendée ». Un texte somme toute nuisible, même s’il venait à être modifié aux entournures par un nouveau round de « dialogue social ».

Virage serré

Le pari fait sur le projet de loi El Khomri était à la hauteur de l’enjeu : démontrer que les « socialistes » peuvent non seulement faire le sale boulot, mieux que la droite, mais qu’il peuvent aussi frapper comme des sourds. Encore confits de leurs résultats sondagiers de la situation post-attentats, Hollande et Valls devaient sans doute penser que le tournant ultra-libéral assumé, après la lepénisation à marche forcée, allait passer tout autant que l’état d’urgence et le reste. C’était la partie « virage serré » de la séquence.

Embardées

Mais là où « le peuple de gauche » avait commencé à réagir, sur les lois d’exception, le voilà qu’il a franchement débordé du cadre que voulait lui imposer le gouvernement dès la publication par Les Echos de la fameuse interview de la ministre.
52 articles anti-Code du travail, c’étaient 52 articles de trop, avec à la clef la pétition et ses 700 000 signatures, ainsi que la colère qui a commencé à prendre corps en bousculant les structures syndicales. Hollande, depuis sa tournée à l’étranger, avait appelé à l’apaisement la semaine dernière. Dimanche, Emmanuel Macron, dans le rôle de Sarkozy contre Villepin pendant le CPE, réclamait le retour du dialogue. Voilà pour les embardées.

Marche-arrière

Hier matin, donc, ça a été la marche-arrière. Mais qu’on ne se trompe pas et qu’on ne prenne pas les causes pour les effets. Si la déclaration de dimanche soir de Laurent Berger pour la CFDT, menaçant de se joindre, contraint et forcé, aux mobilisations, ont eu l’effet d’un déclic sur le premier recul de Hollande, c’est la pression exercée par en bas et la menace de voir la jeunesse aux côtés des secteurs les plus remontés du monde du travail descendre dans la rue qui ont eu raison de l’entêtement gouvernemental.
Car c’est bien à une multiplication d’appels que l’on a assisté ces derniers jours, venant des structures syndicales de base, allant de la CGT à la FSU en passant par Solidaires. La réunion unitaire des organisations de jeunesse du jeudi 25 aura fait le reste.

Imposer le retrait pour mieux contre-attaquer

Ce qu’il nous faut éviter aujourd’hui, c’est laisser les plus accommodants comme les plus frileux danser une valse à deux temps avec le gouvernement, pour lui laisser gagner du temps, reporter le projet de quelques semaines et le modifier à la marge pour mieux revenir à la charge.
C’est ce sur quoi parie la direction de la CFDT, qui a demandé un « report » et un « retour à la négociation ». Hollande a annoncé qu’il recevrait les centrales pour tenter de raccommoder la déchirure. C’est, du moins, le scénario sur lequel il mise.
Et puis il y a les plus frileux, ceux qui, à l’instar de la direction de la CGT, ont appelé à reculons à une grève le 31 mars, pour après évoquer la possibilité de se joindre aux rassemblements du 9 mars, là où plusieurs fédérations et syndicats appellent à la grève, aux côtés des cheminots, de la RATP et des organisations de jeunesse.
L’objectif ne peut être une simple reculade du gouvernement. Il faut imposer le retrait pur et simple du projet de loi El Khomri. Non seulement c’est possible, mais ce serait la première étape pour reprendre l’initiative et, pourquoi pas, passer à l’offensive. Nous avons tant perdu, et tant à regagner. Les professionnels du dialogue social ou ceux qui se contentent de faire les gros yeux pour signer les contre-réformes le savent.
En AG, sur les facs, dès cette semaine, en réunion ou en heure syndicale avec les collègues, lors des prises de parole sur les lieux de travail, c’est le mandat des équipes combatives, le mandat de la jeunesse, le mandat des pétitionnaires qu’il faut imposer aux directions des centrales : tous et toutes dans la rue et en grève, à partir du 9 mars, avec un plan de lutte pour imposer le retrait total de la « décode » du Travail. Pour « faire peur » et faire reculer sur toute la ligne ce gouvernement, ses lois liberticides, sa criminalisation des syndicalistes combatifs et ses projets anti-sociaux.


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