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Nos vies pas leurs profits

Paris : La grève des urgentistes gagne du terrain.

Ce ne sont pas moins de huit syndicats des Hôpitaux de Paris qui ont déposé un préavis de grève allant du 18 au 20 avril : CGT, SUD, FO, CFDT, Unsa, CFTC, SMPS et CFE-CGC. En cause, le manque de moyens financiers, matériels et humains accordés aux médecins.

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La tendance s’était déjà faite sentir sous Sarkozy et Hollande, et elle n’a fait qu’accélérer sous Macron : emplois contractuels précaires, suppressions de postes voire de services tout entiers, réduction des moyens alloués et des salaires, plans d’économies à répétition. Non, nous ne parlons pas ici d’une entreprise victime d’un plan social, mais bien des Hôpitaux de Paris, plus grand centre hospitalier de France.

Alors que le nombre de patients pris en charge par les urgences a augmenté de 3 % depuis l’année dernière, les effectifs du personnel, eux, n’ont fait que diminuer. En 2018 seulement, plus de 400 ETP (Équivalents Temps Plein) avaient été purement supprimés. Cette année, ce sont près de 800 postes non-médicaux qui vont disparaître, dont 240 dans les services de soins. Par-dessus tout, ces suppressions de postes s’accompagneront d’une « réduction de l’intérim » : il y a donc fort à parier que le nombre réel de postes supprimés s’élèvera en réalité au-dessus de 800. Et quand bien même Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP (Assistance Publique – Hôpitaux de Paris) a promis cette semaine la création de 45 postes à distribuer selon les besoins des services, l’offre est bien dérisoire quand on sait que ce sont environ 700 postes qui manquent pour assurer un service correct.

Car, bien étendu, le service offert souffre gravement de ces conditions de travail plus que précaires. L’année dernière, plus de 18.000 personnes avaient été laissées sur un brancard toute une nuit avant d’êtres prises en charge par des médecins, faute de personnel disponible. Pour d’autres, l’attente peut durer plus de cinq heures en salle d’attente avant d’enfin prendre contact avec un médecin. Pour pallier la fermeture de certains services, certaines chambres, habituellement individuelles, sont reconditionnées afin d’accueillir deux, trois patients, entraînant la hausse des transmissions d’infections entre les malades. A tous ces problèmes médicaux s’ajoute la colère des patients, du fait des temps d’attente qui semblent s’allonger à l’infini. Certains en deviennent verbalement violents, voire physiquement. C’est notamment une série d’agressions envers le personnel d’urgences qui a poussé les syndicats à tirer la sonnette d’alarme quant à ces conditions de travail.

Ces derniers demandent entre autre la titularisation des contractuels, l’ouverture de véritables discussions avec la direction du centre hospitalier, et la revalorisation des salaires et du budget alloué à la santé.

Cet appel à la grève n’est d’ailleurs pas le seul : depuis dimanche dernier, plusieurs services d’urgences sont en grève illimitée, dénonçant eux aussi des conditions de travail devenues impossibles. Le lendemain du début de la grève, la direction du centre recensait environ un tiers de grévistes. "On répète les mêmes choses depuis 20 ans, aucune mesure n’a été prise", dénonce Christophe Prudhomme, urgentiste et syndicaliste à la CGT.

Les urgentistes s’étaient eux-mêmes joints à la grève du personnel de l’hôpital Saint-Antoine, qui dure depuis le 18 mars, et pour des motifs similaires. Cette fois, c’est le personnel de l’AP-HP tout entier qui est invité à se joindre au mouvement, contre l’échec criant d’une politique de libéralisation du service public et d’application de logiques d’entreprises à l’hôpital, une politique qui place les profits au-dessus de tout - y compris des vies humaines.

Crédits photo : AFP/KENZO TRIBOUILLARD


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