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Université Paul Sabatier. Quelles sont les listes présentes aux élections étudiantes ?

Les 12 et 13 décembre ont lieu les élections étudiantes à l'université Paul Sabatier. Le Poing Levé se présente pour porter la voix des luttes, une voix anticapitaliste dans les conseils antidémocratiques de l’université. Mais quelle est la politique proposée par les autres listes ?

Le Poing Levé

12 décembre 2023

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Université Paul Sabatier. Quelles sont les listes présentes aux élections étudiantes ?

Les 12 et 13 décembre, les étudiant.es de l’université Toulouse 3 Paul Sabatier sont appelé.es à voter en ligne pour élire leurs représentant.es étudiant.es dans les conseils centraux (pour deux ans). Ils éliront ainsi les élu.es étudiant.es du conseil d’administration (CA) et de la Commission Formation et Vie Universitaire (CFVU).

Quatre listes se présentent cette année à ces élections. Quelle est la politique défendue par chacune d’entre elles, et pourquoi voter pour le Poing Levé au CA ?

UNI : l’extrême-droite n’a rien à faire dans nos facs !

Lors de ces élections, une liste d’extrême droite se présente à l’université. Il s’agit de l’UNI dont les militant.es ont fait campagne en 2022 pour Le Pen ou Eric Zemmour, et sont actif.ves dans des groupes identitaires. Cette organisation défend la hausse de la sélection à l’université et a soutenu la réforme des retraites à 64 ans.

Ainsi, la liste, qui se présente « Pour l’excellence et ta réussite ! » propose dans son programme une « plateforme avec les employeurs locaux » (comprendre Airbus ou Thalès) ou l’organisation de forums des métiers. Aucune volonté de résoudre le chômage qui touche les jeunes qui sortent de l’université mais bien de permettre aux grands capitalistes de dicter toujours plus la politique des universités, le contenu des cours qui y sont dispensés et de contrôler les crédits attribués à la recherche. Une politique dans la droite ligne de celle de Macron.

L’UNI se distingue aussi par son obsession contre les personnes LGBT, contre les droits des femmes, contre les personnes immigrées, contre les musulman.es et contre celles et ceux qui luttent contre les reculs sociaux du gouvernement. Ainsi, à Lyon 3 en 2019, l’UNI défendait-elle sur son programme « moins d’écriture inclusive et plus de saucisson et de vin rouge » comme une menace évidente envers l’ensemble des étudiant.es de confession musulmane.

Le contenu de cette liste fait écho aux tags racistes découverts ces derniers jours à l’université appelant à l’expulsion des « étudiants maghrébins » et des « étudiants turcs ». Signés d’une croix celtique, symbole des groupuscules néo-fascistes, ces tags appelaient aussi à l’expulsion violente des Mineurs Isolés Etrangers qui occupent le bâtiment désaffecté du 4R3. Une lubie raciste également partagée par l’UNI.

Car quand ses militants ne sont pas en croisade contre l’écriture inclusive, ils s’acharnent contre les étrangers. Ils s’affichent notamment sur leur profession de foi aux côtés du maire macroniste de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, qui mène à l’encontre des mineurs isolés de Toulouse une politique particulièrement agressive, allant jusqu’à qualifier de « bonne nouvelle » leur précédente expulsion violente par les CRS. EN bref, l’UNI c’est une université au service des plus riches, accessible aux enfants des riches, et une université où la police peut venir expulser en plein hiver les jeunes mineurs isolés réfugiés dans un bâtiment de la fac.

C’est bien ce qu’entend l’UNI en appelant à « renforcer la sécurité sur le campus », c’est-à-dire à faciliter l’intervention de la police, contre les mineurs isolés, mais aussi contre toute possibilité de mobilisation étudiante.

Les groupes d’extrême-droite surfent sur la politique raciste du gouvernement comme la loi immigration ou encore la criminalisation du soutien à la Palestine, et prennent confiance jusqu’à effectuer des descentes racistes dans les quartiers populaires, comme à Romans-sur-Isère. Nous devons nous y opposer en créant une riposte unitaire de la jeunesses et du monde du travail, non seulement face à l’extrême droite et ses groupuscules violents, mais également contre la politique du gouvernement qui leur déroule le tapis rouge. A Paul Sabatier, cette perspective passe en premier lieu par la lutte contre l’expulsion des mineurs isolés que veut réaliser la présidence.

La présence de l’UNI doit être dénoncée et combattue par l’ensemble des étudiant·e·s et des organisations. Aucune place ne doit être laissée à l’extrême droite à l’université !

« Bouge ta fac » avec l’AGEMP (la FAGE) et E=MC² : la liste "pas politique" qui accompagne les attaques politiques contre l’université

Bouge ta fac est la liste la plus forte à Paul Sabatier avec 4 sièges étudiants sur 6 au Conseil d’administration. La FAGE a profité d’une alliance avantageuse avec plusieurs associations de science comme la Corpo Sciences au sein de « E=MC² ».

Dans ces élections, ce qui compte réellement pour la FAGE, c’est de s’assurer un maximum de places dans les conseils, pas pour pas changer la vie des étudiants (les conseils universitaires ne sont pas faits pour ça), mais parce que ces élu.es votent ensuite pour le CNESER (Conseil National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche). La présence au CNESER assure des subventions très importantes qui permettent l’entretien de tout un tas de jeunes bureaucrates dont le rôle est de co-gérer les budgets de misère alloués aux universités.

Un créneau qui paye pour la suite de sa carrière. Les ancien.nes président.es de la FAGE trouvent ainsi à s’employer pour les différents politiques qui ont été les fossoyeurs des universités publiques de ces dernières décennies. Jean-Baptiste Mougel, président de la FAGE au début des années 2000, devient conseiller ministériel à la jeunesse dans le gouvernement de Nicolas Sarkozy. En 2017, c’est Graig Monetti, chef de file de la FAGE niçoise qui devient directeur de cabinet de Frédérique Vidal, la ministre à l’origine de Parcoursup ou de la fameuse interview sur Cnews appelant à lutter contre « l’islamogauchisme qui gangrène les universités » avant de devenir adjoint à la jeunesse du maire de droite Christian Estrosi. Mais on trouve aussi d’ancien.nes dirigeant.es de la FAGE dans l’aile la plus néo-libérale et macroniste-compatible du Parti Socialiste, à l’image d’Alexandre Leroy (président du syndicat de 2014 à 2016) parti soutenir Manuel Valls ou encore Orlane François (présidente de 2018 à 2020) devenue secrétaire nationale du PS et porte-parole présidentielle d’Anne Hidalgo.

Démonstration, s’il le fallait, que derrière « l’apolitisme » se cache toujours le soutien à la politique dominante !

Les relations des dirigeants de la FAGE et leurs positions dans les conseils pour co-gérer la misère imposée par les politiques de gauche comme de droite leur permettent d’obtenir de gros financements en échange de services pour soutenir les attaques libérales contre l’université (comme la loi ORE, instaurant Parcoursup). Car on ne mord pas la main qui nous nourrit : la FAGE reçoit le plus gros de son financement de subventions étatiques mais aussi de fondations privées. Ainsi « La France s’engage », fondation créée et dirigée par François Hollande et financée par le grand patronat (Total, BNP Paribas, Andros ainsi qu’Artémis propriété de François Pinault, troisième personne la plus riche de France) contribuait à 10% du budget de la FAGE en 2018.

Mais c’est aussi à l’échelle locale que la FAGE trouve des fonds. Par exemple, la CFVU se charge de la distribution des 100 euros de CVEC payés chaque année par les étudiants. En 2021 par exemple, à Paul Sabatier l’AGEMP a reçu 1749€ pour la « sensibilisation à la pollution de l’air ». Autrement dit, 17 étudiant.es ont financé de leur poche une opération de communication de la FAGE appelant à des petits gestes individuels pour sauver la planète… dans une fac qui ouvre un master sponsorisé par Total, l’entreprise la plus polluante de France !

La liste de ces financements est longue. Rien que pour l’AGEMP et au cours du même semestre, on compte également 886€ pour le « mois de la précarité et sensibilisation au gaspillage d’eau », 1500€ pour la « lutte contre la drogue ». La FAGE, et les centaines de milliers d’euros d’argent public qu’elle reçoit, sert donc de cache-misère pour animer quelques petites actions cosmétiques de sensibilisation là où l’Etat refuse de mettre les moyens (accès à la santé, précarité alimentaire, écologie, casse des budgets universitaires).

En échange, la FAGE profite de l’opacité des conseils centraux et de l’absence d’élu.es d’opposition pour maintenir des liens étroits avec la présidence de Paul Sabatier qu’elle a permis de faire élire en 2021.

Tandis que l’actuel président Jean-Marc Broto est largement critiqué pour son obstination à mettre une centaine de mineurs étrangers isolés réfugiés dans le bâtiment 4R3 à la rue, possiblement dès la fin du mois de décembre, les élu.es « apolitiques » de la FAGE collent à sa politique.

Union Etudiante, co-gestion universitaire de gauche

L’Union Etudiante est l’organisation issue de la fusion de l’Alternative et d’un secteur de l’UNEF qui, sans rupture avec la ligne politique, ont quitté le syndicat historique qui prend l’eau de toute part depuis l’écroulement du PS.

Si nous partageons un certain nombre de revendications de cette liste et que nous nous retrouvons dans des luttes communes, notamment en ce qui concerne la précarité étudiante et la fin de la sélection à l’université, nous maintenons des divergences importantes, tant sur le fond que sur la stratégie à adopter, ce qui explique que nous nous présentons dans des listes différentes.

Avec la « démocratie étudiante », l’Union étudiante entretient l’illusion sur des conseils universitaires pourtant largement anti-démocratiques à tous les niveaux. Ces conseils universitaires ont été forgées comme des courroies de transmission pour appliquer la casse et l’asphyxie budgétaire des universités. La place des étudiants et des personnels y est négativement disproportionnée et toute avancée sérieuse contre la précarité structurelle et la sélection sociale se heurte systématiquement aux larges pouvoirs accordés aux présidences de fac et aux lois organisant la casse de l’université.

Ainsi, « mieux informer les étudiant.es sur les instances universitaires » comme le propose l’Union Etudiante, ne peut avoir de cohérence qu’en dénonçant ouvertement le rôle anti-démocratique de ces conseils.

Mais cela implique de rompre avec toute perspective de co-gestion universitaire, soit-elle de gauche, qui a été le modèle de l’UNEF et qui est aujourd’hui celui repris par l’UE à échelle nationale. Si sa relégation dans l’opposition derrière la FAGE et les attaques extrêmement dures du gouvernement peuvent donner à l’UE un air de radicalité, son logiciel est ancré dans le dialogue social avec les présidences d’université et l’Etat.

Sur le fond, bien que l’Union Étudiante dénonce la précarité étudiante et les politiques néolibérales de démantèlement de l’université, son programme ne vise pas à remettre en question le fonctionnement et la structure actuels de l’université.

Dans ce sens, l’absence de références aux luttes sociales, à la mobilisation contre la réforme des retraites, au mouvement toujours d’actualité en solidarité avec la Palestine ou même à la lutte locale contre l’expulsion des mineurs isolés dessine une organisation davantage orientée vers le dialogue social et les négociations avec les directions d’établissement plutôt que vers la construction d’un rapport de force lors des mobilisations, à partir de l’auto-organisation démocratique des étudiant·e·s dans les Assemblées Générales. Si l’Union Étudiante participe régulièrement aux mobilisations et peut prendre part à leur construction, elle le fait dans une logique de pression institutionnelle en remettant ces espoirs sur l’élection de députés ou d’un gouvernement de gauche dans les prochaines échéances électorales.

Une logique dont nous avons vu toutes les limites durant le mouvement contre la réforme des retraites, et qui est également présente dans le cadre de l’université. Il faut dire la vérité et être sans ambiguïté sur cela : face à des instances largement anti-démocratiques, on ne pourra qu’arracher de nouveaux droits et acquis que grâce à notre mobilisation et le rapport de force qu’on installe.

Pour des élu.es au service des luttes, vote le Poing Levé !

Ces derniers jours, Macron a annoncé de nouvelles attaques contre les universités, ce qui annonce notamment une accélération du désengagement de l’Etat pour les pousser à se financer en se tournant vers le privé. A Paul Sabatier, les conséquences d’une telle politique sont imagées à merveille par le partenariat avec Total pour un master de « transition énergétique » ou encore par les liens entretenus avec Pierre Fabre, l’entreprise qui profitera et pousse à la construction du projet destructeur de l’A69. Pour les capitalistes, les universités servent à fournir de la main-d’œuvre formée à leur convenance ou à faire leur pub à coup de campagnes de greenwashing.

De ce point de vue tous les problèmes structurels de l’université (précarité étudiante, mauvais accès au soin, au logement, sélection sociale, chômage, violences sexistes et sexuels, mainmise du patronat etc.) ne sont que le reflet de problèmes plus vastes à échelle de la société. Les attaques contre l’université de la classe dominante portent une cohérence globale avec l’ensemble des attaques contre les travailleuses et les travailleurs.

L’extrême droite instrumentalise la gravité de la situation des étudiants pour masquer la responsabilité des capitalistes et pointer les étrangers et les luttes d’émancipation. Pendant ce temps, la FAGE explique aux étudiants qu’il faut être « apolitique », se concentrer sur les problématiques estudianto-estudiantines et continuer à courir tel un hamster dans sa roue universitaire.

Toutes les listes qui se présentent sont des listes politiques avec un projet de société, mais certaines souhaitent le cacher aux étudiants. Au contraire, nous le revendiquons et expliquons que pour changer réellement l’université, il faut changer la société et s’en prendre au système capitaliste qui détruit nos conditions de vie, d’études, de travail, qui opprime des peuples et détruit la planète au profit d’une poignée de grands patrons.

Dans ce contexte de crise globale, le saut autoritaire du régime et les offensives réactionnaires se multiplient. Alors que le gouvernement s’adonne à une véritable chasse aux sorcières contre tous les soutiens aux Palestiniens, l’extrême droite surfe sur le tapis rouge qui lui est déroulé en cumulant les offensives réactionnaires autour de la loi immigration et de l’instrumentalisation du meurtre tragique de Thomas à des fins islamophobes.
Dans ce contexte, nous voulons porter avec Le Poing Levé une liste au service des luttes, une liste qui affirme qu’il est nécessaire pour la jeunesse de se mobiliser et de s’organiser pour faire face à cette situation et s’offrir un meilleur avenir. D’autant plus alors que ces dernières années, de larges franges de la jeunesse ont montré leur détermination à relever la tête et à se mobiliser, que ce soit dans les manifestations féministes, LGBTI, anti-racistes, écologistes ou aux côtés des travailleurs comme lors de la réforme des retraites. Si nous n’avons aucune illusion sur la possibilité de mettre en œuvre tout le programme du Poing Levé au sein des conseils de l’Université, qui sont des cadres anti-démocratiques étriqués, dans lesquels tout est verrouillé, nous pensons nécessaire d’y porter la voix de nos luttes.

Le 12 et 13 décembre, vote et fais voter Le Poing Levé !

A lire : 5 raisons de voter pour une liste anticapitaliste à Paul Sabatier


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