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Sur le petit écran

« 13 Reasons why » : treize raisons contre le sexisme

La série de Netflix 13 Reasons why, qui connaît un succès important depuis sa sortie, aborde de manière convaincante la question du bullying, du harcèlement sexuel et du viol dans une communauté de la petite-bourgeoisie blanche américaine.

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Dans une petite ville américaine, Clay Jensen reçoit par la poste 13 cassettes enregistrées par Hannah Baker, camarade de classe qui s’est suicidée deux semaines plus tôt. Chaque cassette correspond à une personne qui a poussé Hannah au suicide. A chaque épisode, on revit un moment de la vie de Clay et de Hannah dans l’ambiance étouffante du lycée et le déroulement des évènements jusqu’à leur issue fatale.

La série est pleine de rebondissements et de retournements de situations, où l’on découvre comment, derrière l’image de respectabilité que renvoie la communauté de Liberty High, le harcèlement sexuel et le viol sont monnaie courante. On y voit notamment comment la pression à se conformer aux rapports violents entre les genres fait de Hannah la cible d’abord de rumeurs, de moqueries, puis d’agressions sexuelles. On y voit aussi les mécanismes qui organisent l’impunité des agresseurs et des violeurs, lorsque ceux-ci sont protégés par la police, le pouvoir économique de leurs parents ou même la direction du lycée.

On connaît à l’avance l’issue des évènements, c’est pour cela que, au-delà du déroulement de ceux-ci, la série est avant tout une dénonciation puissante de l’hypocrisie de la respectabilité des communautés blanches de classe moyenne. Tous sont coupables de la mort de Hannah Baker : ses camarades de classe, le conseiller du lycée, ses parents et même le personnage principal.

Certains ont affirmé que la série « glorifie » le suicide et que, en représentant le suicide de Hannah, il peut, à travers l’effet copy-cat ou effet d’émulation, pousser d’autres au suicide. Nic Sheff, un des réalisateurs, a pourtant affirmé dans Vanity Fair que « 13 Reasons why se devait de représenter le suicide d’Hannah ». Pour lui, il fallait montrer à quoi ressemble vraiment le suicide : « Il faut dissiper le mythe de la dérive tranquille et confronter le spectateur à la réalité. La chose la plus irresponsable à faire était de ne pas montrer la mort du tout. (...) Le suicide n’est pas un soulagement : c’est une horreur criante et agonisante. »

Mais, surtout, on peut affirmer que ce n’est pas le suicide adolescent qui est en cause dans la série, mais plutôt le sexisme et la culture du viol. La série a plutôt le mérite de parler de manière frontale de ce dont personne ne veut en parler : le sexisme, le harcèlement, le viol et les complicités des autorités. Avec ou sans 13 Reasons Why, ces fléaux continueront d’exister tout comme le suicide adolescent. Or cette série en parle autrement, rappelant tout simplement qu’elle ne devrait pas exister.


On pourrait critiquer aussi que la série ne propose pas de salut. Dans un monde où tous sont responsables et où l’injustice est l’ordre normal de la société, quelle justice peut attendre Clay ou Hannah ? Aucune. 13 Reasons why ne nous propose pas d’espoir a priori, mais plutôt de comprendre, c’est-à-dire de nous mettre à la place de Hannah Baker. La série, à défaut de proposer une issue heureuse, quelque chose à faire ou une ligne à suivre, en décrivant le monde dans ce qu’il a d’ignoble à travers les 13 raisons de Hannah, suscite la volonté de le changer.


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