De mémoire de travailleur du rail, la compagnie n’avait jamais connu pareil millésime. Selon des informations révélées par le quotidien le Parisien, en 2022, la SNCF a engrangé un profit de 2,2 milliards d’euros. Pas totalement une surprise : au premier semestre, l’entreprise avait déjà annoncé un bénéfice net de 928 millions d’euros.

Le record précédent datait de 2017. La SNCF avait alors revendiqué, non sans embarras, un bénéfice net de près de 1,5 milliards d’euros. Quelques jours plus tôt, le gouvernement avait lancé la présentation de sa réforme ferroviaire pour remédier… à la mauvaise santé financière du groupe.

Cette année aussi, l’entreprise du rail préfère faire profil bas. Une source interne confie au Parisien : « Cela fait plusieurs semaines que la direction tente de garder ce chiffre secret. En pleine Négociation annuelle obligatoire sur les salaires, ces bons résultats auraient pu polluer les échanges. Voire compliquer la recherche d’une sortie de grève des contrôleurs ». Le résultat définitif pourrait même être bien plus conséquent si l’on ajoute la vente du loueur de locomotives Akiem, que la SNCF détenait à 50%. Il sera annoncé en février par l’entreprise.

Côté cheminots, l’annonce a de quoi faire rire jaune. Début décembre dernier, à l’issue de la première réunion de NAO, l’entreprise proposait une augmentation de 50 euros par mois. Une goutte d’eau. Côté usager, celle-ci ne devrait pas non plus se répercuter sur le prix des billets. La SNCF a d’ores et déjà annoncé en novembre une augmentation des tarifs des TGV de 5% en moyenne à partir du 10 janvier 2023, pour affronter la hausse des coûts de l’énergie, lors d’une conférence de presse.

« Ces chiffres records, c’est l’argent des cheminots et l’aboutissement de 35 ans de réduction de personnel, de dégradation des conditions de travail et d’accroissement des risques avec la sécurité des voyageurs » nous confie Eric, cheminot licencié. Le week-end dernier à la SNCF, les contrôleurs se mobilisaient massivement pour leurs salaires, les conditions de travail et contre la casse néolibérale du service public du rail. Une voie plus que jamais à suivre pour remettre une bonne fois pour toute sous le feu des projecteurs que les profits (records ou non) se font par et sur le dos des travailleurs et, service public oblige, au détriment des usagers.