Une décennie de profits... et un scandale. Volkswagen entend faire payer la note aux travailleurs


« La marque Volkswagen ne rapporte pas assez d’argent ». Cette déclaration laconique, implacable et annonciatrice de jours sombres pour les travailleurs de la marque a été froidement prononcée par Herbert Diess, patron du géant allemand de l’automobile, lors d’une conférence de presse à Wolfsburg, siège historique de l’entreprise. Et la sentence prononcée tombe comme un couperet : Volkswagen va supprimer 30 000 postes dans le monde, dont 23 000 pour la seule Allemagne. Les autres usines touchées principalement seront le Brésil et l’Argentine dans ce qui est présenté comme une nécessité. « Nous sommes très éloignés de nos concurrents en termes de rentabilité » a ainsi détaillé le big boss de Volkswagen, visant des économies de 3,7 milliards d’euros par an d’ici à 2020, et aspirant à augmenter sa marge de 4 %. Pour prévenir par avance l’explosion, le groupe a déclaré vouloir éviter à tout prix les licenciements secs en privilégiant les départs à la retraite anticipés.

Pourtant, lorsque l’on s’intéresse aux profits de la marque sur la dernière décennie, on remarque que tous les résultats sont pour le moins positifs... excepté l’année 2015. 2 milliards d’euros en 2006, 6,15 en 2007, 6,33 en 2008, 1,86 en 2009, 7,14 en 2010, 11,27 en 2011, 11,5 en 2012, 11,7 en 2013 et 12,7 en 2014. Tout au long de la décennie, la pente des profits n’a cessé d’être croissante pour le géant allemand, qui a largement rempli ses caisses, contrairement à ce qu’en disent les médias bourgeois à l’annonce de ces suppressions d’emplois. En 2015, pour la première fois de la décennie, Volkswagen voyait ses comptes dans le rouge, avec 4,1 milliards de déficit. Une broutille au vue des profits engendrés précédemment. Mais qu’est-ce qui est à l’origine de cette dégringolade ? Un scandale, dont les travailleurs ne peuvent être tenus pour responsables : le « dieselgate », lorsque la commission Royal avait soupçonné des constructions d’avoir recours à des trucages. Une affaire de moteurs truqués qui a plombé l’année 2015 pour Volkswagen, et dont les principaux responsables, avides de profits toujours plus juteux, se trouvent tout en haut de la hiérarchie.

Un combat à échelle internationale ! Exigeons l’ouverture des livres de compte !


Un scandale total, et un patronat bien décidé à faire payer aux travailleurs le prix de leur magouilles ! De par la nature du plan de licenciement, le combat pour le maintien des emplois ne peut se mener qu’à échelle internationale. En effet, la situation démontre avec une clarté totale que les intérêts des travailleurs ne s’embarrassent pas de frontières, et que Herbert Diess entend taper sur chacun d’eux sans faire de différences entre travailleurs allemands, argentins ou brésiliens. C’est donc par un combat fraternel par-delà frontières et océans que les travailleurs pourront mettre en place un rapport de force à la hauteur de l’attaque. Et, bien entendu, il est primordial que l’ensemble des travailleurs combatifs, à échelle internationale, leur apporte leur soutien sans faille.

Mais l’un des arguments aussi fallacieux que redoutable consiste dans la stratégie de la direction de Volkswagen à mettre en avant les chiffres déficitaires de 2015, tout en minimisant, voire invisibilisant, l’impact du "Dieselgate" et ainsi, sa propre responsabilité. En effet, si les profits ont augmenté durant toute la décennie, l’idée selon laquelle 2015 serait une « année noire » ne tient pas debout. Quand on se penche sur le nombre de véhicules vendus par la firme, on s’aperçoit que 2015 n’a constitué qu’une contraction minime, qui s’est résorbée dès le premier semestre 2016 : entre 2012 et 2016, les chiffres de production pour le groupe (en million d’unités) sont les suivants : 9,07 (2012), 9,73 (2013), 10,01 (2014), 9,93 (2015), et 10,04 (2016, projection chiffres de juin 2016x2). Le groupe ne semble donc pas en crise. Pour contrer cette offensive médiatique et idéologique, et en plus des nécessaires revendications contre les suppressions de postes, il est indispensable de réclamer l’ouverture des livres de compte pour faire éclater la vérité sur la scène publique : le groupe, loin de n’être plus rentable, a juste trouvé là un bon moyen d’attaquer les conditions de travail de ses employés. Une attaque inacceptable qu’il convient de contrer, et ainsi renvoyer Herbert Diess dans les cordes.