Pour les médecins c’est une chose admise : la profession d’enseignant est une profession dite à risque. C’est un travail en collectivité qui surexpose aux virus, une profession pour laquelle les risques de « burn-out » sont également plus importants. Face à cela, la pénurie de professeur et notamment de brigades de remplacement pèse à la fois lourd sur le quotidien des élèves mais également sur les conditions plus générales de travail pour l’ensemble du corps enseignant. Notamment dans le primaire, où la classe d’un professeur malade devient une charge supplémentaire de travail pour le collègue, situation tragiquement intenable à long terme pour le dit-professeur en question. Dans le secondaire, il n’est pas rare que les « remplaçants » soient affectés à des postes sur l’année, et les empêche notamment d’exercer leurs fonctions premières, c’est-à-dire de remplacer lorsqu’un collègue est en maladie.

Cette situation aggrave non seulement les conditions de travail des enseignants mais vient bien entendu perturber la scolarité des élèves rompant ainsi avec le principe de l’éducation pour tous. En effet, les absences de moins de 15 jours sont par exemple systématiquement non remplacées, quand ce ne sont pas les absences à l’année. Rien qu’en Seine-Saint-Denis sur l’année 2015-2016, 20 000 journées de cours non effectuées ont été recensées pour la maternelle et le primaire et 1 800 au collège, soit une économie pour l’Etat de 11 millions d’euros sur les élèves d’un département qui concentre les difficultés à la fois sociale et économique. De là à parler d’égalité des chances….

Et c’est bien cette gestion de la pénurie qui est pointée du doigt par la FCPE93 qui a raison, souligne qu’il ne s’agit pas de dénoncer un « absentéisme enseignant, mais bien le système qui doit garantir la continuité du service public de l’éducation ». Mais Vallaud-Belkacem l’entend d’une autre oreille : le nouveau train de mesure qu’elle annonce vise uniquement à faire porter la faute aux enseignants en resserrant l’étau autour d’eux. Elle propose par exemple d’augmenter le nombre d’heures supplémentaires imposées aux collègues, d’établir davantage de contrôle avec l’introduction d’un entretien avec la médecine du travail au bout de la seconde absence ou enfin d’élargir le périmètre de remplacement sur tout le département au lieu du rayon de 20 kilomètres qui incombe aujourd’hui. Avec cela s’ajoute, la proposition de faire passer les heures de formations en dehors du temps scolaire, c’est-à-dire, in fine, d’augmenter le temps de travail des enseignants de manière détournée. On l’aura compris, pas de quoi améliorer les conditions de travail de la profession ni de quoi susciter de nouvelles vocations pour un métier qui, on le rappelle, fait face à une véritable pénurie de recrutement, véritable source du problème de la situation de l’éducation nationale en France actuellement.