Au lendemain de la mobilisation réussie de jeudi dernier, Hirsch a suivi les directives de Marisol Touraine, sa ministre de tutelle. Il n’avait pas le choix, d’ailleurs, preuve que le gouvernement commence à reculer. Il a donc pris son plus beau stylo pour indiquer aux organisations syndicales qu’il était prêt au « dialogue » sur de « nouvelles bases ».

Après avoir choisi la méthode du passage en force, détaillant son plan d’économie pour l’AP-HP dans Les Echos, il y a six semaines, Hirsch affirme vouloir arriver à « un accord majoritaire dans toute la mesure du possible ». Il s’engage par ailleurs à la mise en place « d’expérimentations » dans les services volontaires, pour contrer l’idée d’une imposition par le haut de la réforme. En aucun cas, cependant, il ne renonce à ce qui fait le cœur de son projet, à savoir supprimer trois à cinq jours de RTT chez les 75.000 hospitaliers non médecins des 38 structures que compte l’AP-HP. C’est l’enjeu même de « l’hostérité » voulue par Hollande, dans le sillage de la destruction de l’hôpital public. C’est pourtant ce qui est au centre des revendications des travailleurs en lutte. « Ni amendable, ni négociable, retrait du plan Hirsch », voilà l’un des slogans les plus repris dans la manifestation de jeudi dernier et dans les AG des ces derniers jours.

Côté CGT Santé, majoritaire à l’AP-HP (32%) et côté Sud, Christophe Prudhomme et Olivier Youinou affirment qu’ils ne tomberont pas dans le piège. A un moment où Marisol Touraine elle-même, affirme, en lâchant quelque peu son DG (Directeur Général), que l’on a « parfois le sentiment d’une difficulté à engager le dialogue », c’est une brèche dans laquelle les hospitaliers doivent s’engouffrer. Ce n’est pas seulement « la méthode Hirsch [qui est] du vent et de l’apparence », pour reprendre une expression de Youinou, qui doit être battue en brèche. C’est l’ensemble de la politique « hostéritaire » du gouvernement telle qu’elle est déclinée pour l’AP-HP qui doit l’être, et c’est possible.

Dans un premier temps les syndicats ne prévoyaient qu’une nouvelle étape de mobilisation le 25 et la date du 18 a été imposée en AG. La grève de jeudi, la quatrième en un mois, doit représenter une étape décisive pour aller dans le sens d’une grève illimitée de l’AP-HP qui rassemble les autres structures hospitalières au niveau national, jusqu’au retrait complet du Plan Hirsch. Ce serait non seulement une victoire pour les hospitaliers parisiens, mais plus largement pour tout le secteur de la Santé, au niveau national. Nous aurions tous à y gagner, salariés et patients. Une première victoire de l’AP-HP pourrait radicalement changer le climat à la veille de l’été. Un pourrissement du conflit orchestré par le gouvernement, en revanche, serait gravissime pour une lutte qui a mérité de gagner.

Le 18 juin, il y a donc fort à parier que les piquets, dès 7h, sur les hôpitaux parisiens, seront fournis. La manifestation qui s’ensuit, avenue Victoria, devant le siège de l’AP-HP, à 11h, doit être un succès permettant aux hospitaliers en lutte de débattre des conditions d’une prolongation illimitée de leur mouvement jusqu’à satisfaction complète sur le retrait du Plan Hirsch.

17/06/15