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Allemagne. De la gauche radicale à l’extrême-droite, le régime criminalise les Palestiniens

Avec la France, l’Allemagne est l’autre pays d’Europe qui interdit systématiquement toute expression de solidarité avec la Palestine. Au Parlement, de die Linke à l’extrême droite, l’unité a été totale pour la criminalisation des organisations palestiniennes et soutenir la guerre coloniale d’Israël.

13 octobre 2023

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Allemagne. De la gauche radicale à l'extrême-droite, le régime criminalise les Palestiniens

© Crédits photo : Capture d’écran Bundestag / Dietmar Bartsch (die Linke) s’adresse au Parlement dans un discours intitulé « Déterminés contre le terrorisme et les ennemis d’Israël »

Jeudi, au Parlement allemand, le Bundestag, a eu lieu un débat au ton particulièrement réactionnaire à propos de la guerre en Palestine.

Après une déclaration gouvernementale soulignant la solidarité inconditionnelle avec l’État d’Israël, tous les partis du Bundestag ont voté, dans une unité nationale réactionnaire, une motion pour l’interdiction d’organisations palestiniennes telles que le réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens, Samidoun, et menaçant les Palestiniens de « mesures relatives au droit de séjour » - c’est-à-dire d’expulsions - sans mentionner un seul mot du siège et du bombardement de la bande de Gaza, contraires aux droits de l’homme. De l’Alternativ für Deutschland (AfD, extrême droite) à die Linke (parti à la gauche du parti socialiste) en passant par la CDU/CSU (démocrate-chrétiens, parti d’Angela Merkel) et la coalition gouvernementale « feux tricolores » (socialistes, Verts et libéraux), l’unité est totale contre le peuple palestinien.

La déclaration demande au gouvernement fédéral, « après l’interdiction d’association prononcée le 30 avril 2020 à l’encontre de l’association Hezbollah, de prononcer sans délai une interdiction d’activité et, le cas échéant, une interdiction d’organisation à l’encontre du Hamas et de ses soutiens et organisations de façade et de couverture en Allemagne, ainsi qu’à l’encontre de Samidoun, et d’œuvrer à la fermeture du Centre islamique de Hambourg ». Les partis placent ainsi Samidoun (réseau de solidarité aux prisonniers palestiniens) au même rang que les organisations islamistes comme le Hamas et le Hezbollah.

De plus, l’AfD, la CDU/CSU, le gouvernement et die Linke demandent conjointement « d’œuvrer pour que les faits qui se sont déroulés le soir du 7 octobre 2023 dans les rues de Neukölln à Berlin et ailleurs soient élucidés et sanctionnés pénalement. Tous les moyens de l’État de droit doivent être utilisés, y compris les mesures relatives au droit de séjour ». Le quartier berlinois de Neukölln, où vivent de nombreux réfugiés palestiniens qui ont tenté de braver les interdictions de manifester est en effet dans le viseur du gouvernement. Une criminalisation sans précédent soutenue activement par die Linke alors qu’elle incarne le dénigrement raciste contre les Palestiniens et la politique d’expulsion du gouvernement fédéral. Juste après le vote au Parlement, Dietmar Bartsch, co-dirigeant du groupe parlementaire de die Linke a même tweeté sa fierté d’avoir engagé son parti dans cette position infâme.

Le parti die Linke est au bord de l’implosion. D’un côté, son ancienne dirigeante, et figure médiatique, Sahra Wagenknecht est sur le point de créer son propre parti dans l’optique d’incarner une « gauche conservatrice », nationaliste et xénophobe pour marcher sur les plates-bandes de l’extrême droite qui réalise des scores historiques dans les dernières élections. De l’autre, une aile de die Linke, qui co-dirige déjà plusieurs municipalités avec les Verts et les socialistes, souhaite s’intégrer encore davantage au régime, en épousant notamment les positions de l’OTAN. Sur fond de décomposition terminale, die Linke s’engage à droite ou à droite.

Tandis que l’extrême gauche allemande a encore en grande partie les yeux rivés sur ce parti, voire sa carte d’adhérent dans la poche, cette énième démonstration d’unité nationale derrière l’impérialisme allemand doit être le moment de régler enfin les comptes avec die Linke et de s’opposer fermement à cette politique.


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