Après les attaques menées au Mali et au Niger, l’attentat survenu dans la nuit de vendredi 15 à samedi 16 janvier dans la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou, laisse lui aussi un lourd bilan. Une trentaine de personnes mortes et une trentaine de personnes sévèrement blessées. Selon les témoins, les auteurs de l’attentat ont commencé à mitrailler tout le monde aux abords du bar-restaurant Le Cappuccino et de l’Hotel Splendid en plein centre-ville. Les assaillants ont ensuite suivi l’avenue Kwame N’Krumah, incendiant des voitures et tirant sur les passants.

AQMI a publié dimanche un communiqué dans lequel le chapitre sahélien de l’organisation djihadiste revendique l’attaque contre l’hôtel. Celui-ci « est fréquenté par les citoyens des nations de non-croyance globale » a affirmé AQMI dans sa déclaration. « L’attaque, a-t-il ajouté, était de punir les chrétiens pour leurs crimes contre notre peuple en Centrafrique, au Mali, et dans d’autres pays musulmans. » L’un des assaillants a promis par ailleurs « de combattre la France jusqu’à son dernier souffle » dans une communication téléphonique au lendemain des attentats.

Il s’agit de la première attaque menée par AQMI au Burkina Faso. Dans les pays voisins, AQMI a organisé et mené à plusieurs reprises des attaques semblables comme celle contre l’Hotel Radisson de Mamako, visant ainsi une clientèle étrangère et aisée, en novembre dernier. Ainsi, cette ancienne colonie enclavée de la France devient la nouvelle cible du terrorisme djihadiste.

Les interventions militaires des États-Unis en Afghanistan et en Irak ont provoqué le chaos économique, politique et social sur lequel les organisations réactionnaires comme Al-Qaïda et l’État islamique font leur lit. Dans son pré-carré africain, l’extension et l’intensification de l’interventionnisme militaire de la France rendent le terrain propice au développement de ce même type d’organisation et à la multiplication de ce type d’attaque à travers la région.

Que le Burkina Faso soit aujourd’hui ciblé par AQMI n’est pas une surprise. Les djihadistes avaient déjà envoyé des signaux en ce sens tout au long de l’année : les attaques aux frontières se sont progressivement multipliées ainsi que les enlèvements. Ce petit pays d’Afrique de l’Ouest est en effet un « point d’appui permanent » des guerres que mène l’État français contre les organisations djihadistes et pour défendre ses intérêts dans la région et notamment pour l’intervention militaire au Mali en 2013.

Dans un communiqué, le ministre de l’Administration du territoire et de la sécurité intérieure, Simon Compaoré, a appelé les populations « au calme et à la retenue ». Elles ont été également invitées à faire confiance aux mêmes forces de défense et de sécurité – françaises pour une partie d’entre elles – qui sont largement responsables du chaos grandissant.