Près de 246 millions d’euros, c’est le profit de Veolia en 2014. L’entreprise de services collectifs a renoué avec les bénéfices cette même année. Pour en arriver à distribuer toujours plus de profits aux actionnaires et aux cadres dirigeants, ce sont presque 5000 postes qui ont été supprimés cette année-là, donnant lui aussi sa part au chômage de masse. Mais ce n’est pas tout, il s’agit, désormais, au nom de la lutte contre les impayés, d’imposer un chantage à l’eau aux personnes précaires, ou sans emploi en incapacité.

Pour éviter à Véolia trop d’attaques en justice, qui pourtant ne se résument in fine qu’à des condamnations à de très faibles amendes, l’entreprise utilise la technique de la réduction du débit d’eau d’une cliente, sans aller jusqu’à la coupure complète, interdite. Dans ses justifications, la direction de Veolia a ainsi expliqué que « seule l’interruption de la fourniture d’eau était interdite et non la réduction de son débit ».

Il ne s’agit pas seulement du cas de la Toulonnaise au RSA, mais bien d’une technique généralisée. Mi-janvier, un concurrent de Veolia, Saur, avait également été condamné pour la même raison en Haute-Vienne. Le groupe a fait appel du jugement. Mais pour imposer son chantage à l’eau, Veolia ne fait pas dans la demi-mesure.

Les employés de l’entreprise sont licenciés s’ils refusent de couper l’eau ou de réduire le débit pour impayés. C’est le cas notamment de Marc Fazio, âgé de 50 ans et licencié le 4 avril 2013 pour « insubordination et désorganisation du service » à la suite de son refus d’effectuer depuis 2009 les coupures d’eau consécutives à des impayés.

Exploitation, précarité, ne suffisent plus pour Veolia. C’est bien un système organisé de chantage à l’eau pour les plus précaires, sur fond de chantage à l’emploi sur ses employés, que Véolia compte bien augmenter ses profits coute que coute. Mais contre cette dictature de la direction, procès et amendes ridicules ne suffiront pas, seule la résistance organisée et collective des travailleurs, à commencer par ceux de Veolia, et du secteur, pourra commencer à donner un coup d’arrêt à ce chantage à l’eau.