Coincé entre Mélenchon et Macron, celui-ci tente un pari risqué, et ce à plusieurs égards. Alors que l’espace politique à la gauche du PS est monopolisé par la FI, Hamon espère entrainer la partie du peuple de gauche qui ne se retrouve pas derrière le souverainisme, avec un profil européiste « de gauche ». Il s’est en ce sens assuré du soutien de Varoufakis, l’ancien ministre des finances Grec qui n’a pas suivi Mélenchon dans son « Plan B » anti-euro, et qui se cherche des alliés pour un réseau européen anti-austérité pour « réformer » l’Union Européenne. Également, fustigeant la « direction de fer » de son concurrent insoumis, il cherche à attirer vers un « mouvement » plus « démocratique ».

Difficile pour l’instant d’imaginer qu’affaibli de ses deux défaites, aux présidentielles puis aux législatives, celui-ci sera en mesure de convaincre l’électorat de gauche en vue des municipales de 2020. Cette situation de grande faiblesse le met aussi en difficulté pour réaliser son pari de « rassemblement » des formations de gauche qui sont en état critique au sortir de la dernière séquence électorale, notamment le PCF et EELV. Un pari stratégique sans lequel il sera impossible d’apparaitre crédible face à la FI, devenue première force d’opposition parlementaire de gauche et qui a placé à l’assemblée des tribuns comme Mélenchon et Ruffin.

Un Grand rassemblement à grand peine

En plus de personnalités comme le président de Médiapart Edwy Plenel, EELV et le PCF sont venus prendre la parole le 1er Juillet, Jadot et Duflot pour les écologistes, et Christian Picquet pour le PCF. Mais si les formations sont en crise, et notamment le PCF, Hamon est pour l’instant loin d’incarner une issue. En effet, Pierre Laurent n’aura pas fait le déplacement et a même déclaré : « De ce que je comprends, l’intention de Benoît n’est pas de faire quelque chose d’interne au PS mais pour le moment, son truc, ça n’existe pas. ». Ce manque de crédibilité est également relevé par EELV, qui l’avait pourtant accompagné pour les présidentielles. Pour Jadot, si « l’initiative est juste », il n’est pour l’instant pas question de rejoindre le mouvement.

En interne du PS non plus, Hamon ne fait pas des émules avec sa sortie jugée par beaucoup de cadres comme « prématurée », en raison du congrès qui arrive, et peu convaincante. Y compris sans sa garde rapprochée qui compte sur une issue de gauche au PS, encore aucune « tête » ne l’accompagne dans sa sortie. Si Hamon fait pour l’instant mine de ne pas vouloir organiser de rupture groupée, en « fraction », il sait bien qu’il a besoin de se constituer un appareil et qu’il lui faudra gagner rapidement en légitimité pour convaincre ses anciens partenaires. L’opération est d’autant plus difficile qu’avec la sortie de Valls et la rupture de la droite du parti vers LREM, beaucoup comptent sur une « rénovation », un nouveau congrès d’Epinay en 2018, voyant la possibilité de reprendre le PS. Cette difficulté à rallier des socialistes risque fort de s’accompagner d’une impasse pour rapprocher l’UNEF, médiation historique du PS dans la jeunesse sur laquelle Hamon a longtemps eu la main. En effet, dur à parier sur la fidélité de l’organisation syndicale dans laquelle, là aussi, la FI cherche à prendre pied.

Face à cette tentative de concurrence, les portes paroles de la FI et notamment Mélenchon sont montés au créneau pour dénoncer une tentative de « blocage » de la FI par des organisations en « décomposition », dans une volonté d’affirmer qu’il n’y a pas d’alternative à leur formation politique et que pour « rassembler », il faudra les rejoindre.

Un pari donc risqué pour Hamon, qui aurait difficilement pu se faire dans des conditions moins favorables. Pour convaincre et gagner en crédibilité, il lui reste du chemin à parcourir, sous des pressions importantes, en premier lieu celle des insoumis, qui sont maintenant projetés à l’assemblée.