Correspondant

  Depuis deux jours déjà les grévistes se relaient pour bloquer leur lieu de travail. À l’entrée une pancarte indique « Usine occupée ». Une quinzaine d’entre eux-elles a dormi cette nuit dehors à l’entrée du centre pour continuer à bloquer le site, une simple bâche les protégeant de la pluie. Ils s’organisent depuis pour assurer les stocks de nourritures et de bois pour animer le grand feu qu’ils font brûler devant les grilles, au milieu des tas de détritus. 

  Dans ce centre accueillant le plus grand incinérateur d’Europe, encore 50% des salariés appartiennent au secteur public. Ce à quoi compte bien remédier la ville de Paris, qui souhaite entièrement privatiser la gestion des ordures et l’entretien de la ville. Les grévistes aujourd’hui font tous partie du secteur public. Ils expliquent qu’il est infiniment plus difficile pour des travailleurs de Veolia, ou d’autres entreprises présentes sur le site, de se mettre en grève. Comme les cheminots, les ouvriers savent que, si la loi El-Khomri passe, public ou privé, ils seront tous impactés, quoiqu’en disent le gouvernement et les grands médias. Ils luttent pour son retrait et promettent qu’ils ne s’arrêteront pas avant. 

  À ce combat contre la loi travail, s’ajoutent plusieurs revendications spécifiques. La lutte ici a commencé en octobre 2015 avec une grève de quatre jours contre un changement de leur statut, une progressive privatisation et la détérioration de leurs conditions de travail. Depuis plusieurs années habitués de la lutte, ils ont réussi à gagner sur plusieurs de leur revendications grâce à la grève et aux blocages. 

  Plus aucune ordure n’est collectée depuis deux jours. Il a fallu entre quatre et cinq jours pour arrêter l’incinérateur, c’est au moins autant de jours, 900 tonnes de bois et plusieurs millions d’euros qu’il faudra pour le remettre en marche ! A la perte financière colossale que représente le blocage de l’usine et au problème sanitaire évident que signifie la grève des éboueurs, s’ajoute l’arrêt de l’alimentation en chauffage de l’hôpital Georges Pompidou et de toute la zone d’habitations qui l’entoure. Les ouvriers de la TIRU sont bien conscients de leur force collective et le clament : "c’est nous, la catégorie C, qui faisons vivre ce pays".

A Romainville également le centre a été mis à l’arrêt, et serait en cours de déblocage par les forces de l’ordre (dans la nuit de mardi).

Témoignage d’Olivier Goldfarb, délégué syndical de la CGT nettoiement et éboueur à la ville de Paris :
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