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Réforme des retraites

Bordeaux. Meeting du comité d’action pour la grève générale : 250 personnes pour préparer la suite

Samedi soir avait lieu à Bordeaux, un meeting du comité d’action pour la grève générale, mettant à l’honneur les principaux secteurs en lutte localement contre la réforme des retraites. L’occasion d’un point d’étape pour tirer les bilans des premiers mois de mobilisation et préparer la suite.

Jyhane Kedaz

1er mai 2023

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Bordeaux. Meeting du comité d'action pour la grève générale : 250 personnes pour préparer la suite

Crédits photo : William Leglise

Énergéticiens, hospitaliers, étudiants, enseignants, raffineurs, ou encore travailleurs de la Monnaie de Pessac… : autant de secteurs mobilisés depuis le 19 janvier contre la réforme des retraites, rassemblés samedi soir à l’occasion d’un meeting de lutte à Bordeaux. A l’appel du comité d’action du Réseau pour la grève générale, la soirée a réuni près de 250 personnes au CMCAS, le comité social d’entreprise des énergéticiens de Gironde. L’occasion d’un point d’étape afin de tirer des bilans à l’échelle locale, préparer un 1er mai historique, mais plus largement.

Plus de trois mois après le début de la mobilisation, et malgré le passage en force de la réforme des retraites par 49.3, adoubé par le Conseil Constitutionnel, l’opinion publique reste très majoritairement favorable à une poursuite de la lutte. Fer de lance du mouvement contre la réforme des retraites, particulièrement en Gironde, c’est à la CGT Énergie 33 qui a ouvert le meeting sous des applaudissement enthousiastes. Pour eux, le temps n’est pas à la démoralisation. Au contraire pour Christophe Barboure, qui lance avec assurance que « l’histoire n’est pas encore écrite et il nous appartient de l’appeler victoire ». Bien plus, pour les énergéticiens, il reste beaucoup de travail militant à effectuer. Pour eux, « il faut aller chercher les jeunes, les salariés et tous les secteurs qui ne sont pas encore dans la lutte, entreprise par entreprise. […] Aux cent jours d’apaisement voulus par le gouvernement, opposons cent jours de colère et d’actions ».

« Intégrer la question des salaires »

La question de l’extension de la mobilisation à un maximum de secteurs était au cœur de l’ensemble des interventions. Plusieurs sont notamment revenues sur la nécessité impérieuse d’élargir le champ des revendications. C’est ce qu’a rappelé Marie-Laure Charchar, buandière et secrétaire générale de la CGT Blanchisserie du CHU de Bordeaux. « Nous, les travailleurs, devons-nous donner un programme et des méthodes de lutte qui nous permettent de faire rentrer les secteurs les plus précaires, non syndiqués, des secteurs souvent très féminisés et racisés. Pour cela, il ne suffit pas de parler de la retraite, mais aussi de l’inflation et de la nécessité impérieuse d’une augmentation généralisée des salaires, en les indexant à l’inflation alors que nos salaires sont toujours plus rognés par cette dernière ».

Une perspective que l’intersyndicale s’est toujours refusée d’envisager depuis le début du mouvement, comme le dénonce Marie-Laure Charchar, mais également Laurent Delage, ouvrier à la monnaie de Pessac. Il affirme ainsi que cette ligne stratégique de rester sur le seul retrait de la réforme de Macron a limité les potentialités réelles du mouvement et empêché le durcissement du rapport de force. Pour cause, la question des salaires est une préoccupation centrale de l’ensemble du mouvement ouvrier. Localement, la lutte victorieuse des ouvrier des Sabena au début du mouvement, qui après une semaine de grève dure et majoritaire ont arraché à leur patron une augmentation de salaires, illustre la possibilité d’obtenir des acquis immédiats avec une stratégie à la hauteur.

L’importance de l’auto-organisation à la base

Un tel programme ne pourra être porté que par la force de l’auto-organisation. À ce titre, plusieurs intervenants ont rappelé l’importance des initiatives portées par les collectifs locaux afin d’organiser la colère entre les journées de mobilisations isolées. « L’objectif doit être la grève générale. C’est la vraie force des travailleurs ; quand les cheminots se mettent en grève, quand les énergéticiens mettent en sobriété énergétique les établissements et lieux de pouvoir. Pour ça il faut avoir le mouvement en main, que l’auto-organisation en Assemblée Générale donne le rythme », a défendu Laurent Delage, ouvrier à la Monnaie de Pessac et membre du collectif de Bassens.

David Pijoan, enseignant et membre du collectif Bordeaux Centre, a lui aussi mis l’accent sur l’importance de l’auto-organisation et témoigné de la mobilisation des professeurs dans la capitale girondine. « À Bordeaux, la mobilisation des profs a été réelle. On a notamment envahi le rectorat avec plus de 400 professeurs, on a été de toutes les initiatives interpros : péages gratuits, envahissement du Grand Théâtre. Il faut continuer ensemble cette grève, on ira gagner le retrait et bien plus ensemble ».

« La colère de la jeunesse est politique »

L’enseignant a également revendiqué l’importance de l’occupation de la faculté de la Victoire en tant que lieu de coordination des luttes. Une occupation sur laquelle est revenue dans son intervention Marina, étudiante en psychologie et militante de l’organisation de jeunesse Le Poing Levé : « À partir du 49.3, la mobilisation chez les étudiants a connu un saut à l’échelle nationale. A l’université de Bordeaux, la direction cherchait à empêcher l’entrée en scène de la jeunesse en interdisant les réunions en son sein, en imposant l’assiduité. Mi-mars, la réponse qui a été apportée par plus de 300 étudiants du campus a été l’occupation de l’université », a expliqué l’étudiante.

« Nous avons voulu démontrer que nous refusons d’être la génération sacrifiée : pression universitaire, éco-anxiété, détresse psychologique. Le gouvernement aimerait nous réduire à l’individualisme pour ne pas qu’on se mobilise », a martelé l’étudiante, qui a également dénoncé la répression imposée aux manifestations de Sainte-Soline, les étudiants délogés par le RAID à Bordeaux, ou encore à la jeunesse et les travailleurs qui subissent l’opération Wuambushu à Mayotte.

L’enjeu de cristalliser les comités d’actions pour la grève générale

Enfin, Adrien Cornet de la CGT Total Energies Grandpuits a conclu sur l’importance d’élargir les revendications, de se coordonner entre secteurs, « et de s’organiser tous ensemble contre la répression ». Ainsi, il a par exemple revendiqué l’appel du Réseau pour la Grève Générale à soutenir les raffineurs réquisitionnés en Normandie, qui a permis collectivement de faire reculer les CRS. Une politique qui pour lui aurait dû néanmoins être portée par l’intersyndicale qui aurait dû mettre « toutes ses forces contre la répression du gouvernement pour casser les grèves. Nous avons réussi en nous organisant à la base à être plusieurs centaines devant la raffinerie de Normandie, nous aurions pu être des milliers, c’est l’objectif qu’on doit se donner à présent. »

Pour Adrien Cornet, la nécessité est aujourd’hui de s’organiser et se coordonner pour la suite de la mobilisation, mais aussi se préparer aux quatre années à venir, que Macron a annoncé faites d’attaques anti-sociales, racistes, et de répression. « La situation est encore largement ouverte et appel à des rebonds. Soutenir chaque lutte qui va émerger, chaque grève, chaque piquet pour faire face à la répression mais bien plus permettre des victoires et l’enjeu des semaines et mois à venir. »

Pour le raffineur, c’est l’objectif des comités d’actions qui se sont constitués à Paris, au Havre, à Toulouse, mais aussi à Bordeaux à l’appel du réseau pour la grève générale : « Le réseau pour la grève générale s’est fondé à partir d’une tribune signée par 300 personnalités qui se sont positionnés pour la grève générale et l’extension des revendications du mouvement. Son objectif est maintenant de se pérenniser notamment au travers de comités d’actions, qui en coordonnant à la base plusieurs secteurs peuvent constituer des accumulations de forces déterminantes pour faire gagner des luttes, et plus largement imposer dans le paysage une politique alternative à celle des directions syndicales ». Pour les intervenants, ceci dépasse largement l’intérêt propre de chaque confédération, sections syndicales ou organisation politique. Il s’agit d’un enjeu fondamental pour la consolidation d’un acquis pour l’ensemble de notre classe.


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